• Au-delà du Lac Bénit

     

    Aravis – Haute-Savoie

     

    23 Juin 2018

     

     

    Dans mon envie effrénée de bivouac en montagne, j’ai trouvé un beau prétexte en embarquant mon fils dans l’aventure.

    J’avais surveillé de près la météo ces derniers jours, en priant pour que l’activité orageuse nous laisse tranquille et que le temps soit clément. Mon souhait fut exaucé et la sortie pouvait se réaliser.

    Je prépare donc le matériel, en chargeant méticuleusement mon nouveau sac de bivouac qui permet au grand dam de mes genoux, d’emporter une bonne quantité de matériel. Et j’ai ainsi toujours le dilemme de choisir au plus utile, les objectifs photos que je serai le plus susceptible d’utiliser. Mais ici mon gros téléobjectif malgré son poids, était incontournable. En effet nous espérons croiser les joyaux de la faune alpine.

    Donc sur la balance, les 20 kg sont discrètement franchis et mon fils me complémente en s’octroyant 4 kg de chargement. Mais quand on aime on essaie de ne pas compter !

     

    Le jour J est arrivé, nous prenons la route de Cluses, Marnaz, le Mont-Saxonnex, puis Morsullaz et le parking du Bété.

    Il est 15h, nous préparons notre paquetage sous une chaleur écrasante. Le sentier débute dans une forêt peu dense, mais qui nous apporte un peu de fraîcheur bienvenue. Mon fils est remonté comme une horloge et file comme un chamois.

     

    Lac Bénit

     

    La montée est très agréable, le sentier forestier devient vite clairsemé et se rapproche assez vite des pâturages. Dans les trouées on aperçoit le Pic du Marcelly et les montagnes du Faucigny.

     

    Lac Bénit

     

    Puis nous arrivons bientôt face à l’imposante falaise du Bargy au pied duquel se trouve notre lac. Nous y retrouvons une des curiosités géologiques de cette montagne, deux grandes cavités symétriques qui nous regardent, les Yeux de la Chouette. Cette falaise compte de nombreuses voies d’escalade assez engagées.

     

    Lac Bénit

     

    Le lac n’est plus très loin. Le faible dénivelé et son accès facile favorisent un afflux touristique important. Nous décidons de le contourner par un petit sentier forestier qui le borde. Des hordes de têtards énervés s’agitent sur les bords du plan d’eau.

    Sur l’autre berge, un chalet-refuge fournit un point de ravitaillement pour les visiteurs.

    A l’extrémité du lac, un éboulis rocheux recouvert tardivement au printemps par un névé, dévoile un couloir minéral impressionnant. En haut de ce passage se trouve le col de l’Encrenaz, la porte des cimes du Bargy.

     

    Nous décidons de nous engager sur ce sentier qui silionne les blocs de rocher. Après quelques lacets, je repère un promontoire au pied d’une falaise. Le coin est très caillouteux mais assez plat. Il est un peu à l’écart de la foule et me semble parfait pour notre quête de tranquillité. Cependant le relief du sol parsemé de cailloux plus ou moins gros, m’inquiète un peu, je crains que le confort du couchage soit très relatif, mais on verra bien. Je monte la tente et nous profitons de ce beau panorama.

     

    Lac Bénit

    La journée s’étire et il nous prend l’envie de grimper un peu sur le sentier de l’Encrenaz, qui s’élève rapidement dans un dédale de rochers. Il est assez fatiguant de gravir, mais l’ascension sans nos sacs à dos nous paraît de suite, plus agréable.

    Après une bonne montée nous croisons des randonneurs qui venaient du versant opposé du Bargy. Mon fils ne tarde pas à leur demander s’ils ont vu des animaux, nos visiteurs nous informent avoir aperçu des Gypaètes barbus. Rapidement, je vois les yeux de mon fils briller. Ce bel oiseau faisait secrètement partie des animaux que nous rêvions de voir.

    Nous continuons à gravir quelques dizaines de mètres de dénivelé. Et soudain, un moment éphémère mais merveilleux. Un vol de 3 gypaètes, 2 adultes et un plus jeune, survolent les falaises qui nous surplombent. Le corps jaune orangé des adultes et leurs ailes foncées, ainsi que la forme de sa queue longue et renflée en bout ne laisse aucun doute sur l’identification. Quel bonheur d’observer ce bel animal. Mon fils est comme un fou. Il se passionne depuis quelques temps pour les rapaces, et celui-là occupe une place de choix dans son cœur. Il l’observe pour la première fois.

    N’ayant pas emporté mon appareil lors de cette escapade, je ne garde de cette rencontre que le superbe instant que mes yeux m’ont permis d’observer.

    Nous regagnons notre campement avec la banane suite à cette observation.Puis nous préparons notre dîner.

    Lac Bénit - le campement

     

    Je fais chauffer de l’eau et la bonne soupe de pâtes à la tomate chaude et salvatrice, est la bienvenue.Je profite encore de quelques belles lueurs sous les couleurs pastelles du soir, alors que mon fils s’est déjà engouffré dans son sac de couchage.J’ai prévu un réveil très matinal, aussi je ne tarde pas à profiter du repos mérité.

     

    Lac Bénit

     

     

    Lac Bénit

     

    4h15, le réveil me sort de mes rêves, tel un ressort j’enfile mes habits et mes chaussures. Je me hisse discrètement hors de la tente et admire un ciel nuageux à souhait. J’imagine déjà son potentiel photographique.

    Je cherche un point de vue remarquable mais notre position n’est pas idéale. Je trouve tout de même, quelques compostions intéressantes et profite des couleurs qui deviennent flamboyantes.

     

    Lac Bénit

     

    J’adore ces quelques minutes éphémères précédant le lever du soleil ou il faut être prêt à immortaliser ces lumières magiques. En une poignée de secondes, pour peu que des nuages d’altitude apportent de belles textures au ciel, les lumières du soleil encore sous la ligne d’horizon, leur donnent des teintes roses, oranges, jaunes, spectaculaires. Dans ces moments, une euphorie s’empare de moi.

     

    Lac Bénit

     

    Mon fils me rejoint et il profite de ce beau spectacle. Et quoi de mieux que te de partager avec lui, ce moment fantastique.

     

    Après avoir pris notre petit déjeuné, nous remontons sur le sentier escarpé de l’Encrenaz, dans l’espoir d’y revoir les gypaètes. Mais notre quête restera infructueuse. Alors, nous en profitons pour apprécier la vue surplombante sur le lac et la vallée.

     

    Lac Bénit

     

    Finalement de retour près de notre tente, nous en profitons pour s’immiscer dans l’intimité des belles fleurs de montagnes, telles que ces petites et discrètes grassettes.

     

    grassette

     

    Puis ce sont des fidèles soldanelles, fines et délicates qui m’offrent leur douceur.

    Soldanelles

     

    Et plein d'autres toutes aussi belles

    Primevère

    bourdon

     

    Nous remarquons également que les névés qui persistait le long de la falaise, offrait un jeu de texture hallucinant, de quoi ravir et dévoiler notre vision artistique.

     

    névé

     

    névé

     

    Il est temps de ranger notre tente et de quitter ce bel endroit qui malgré les craintes du sol caillouteux, n’a occasionné aucun souci à nos matelas de couchage, le confort était au rendez-vous !
    Midi approche et nous montons sur la colline qui surplombe l’autre bout du lac.

     

    Lac Bénit

     

    Après un dernier regard sur cet endroit que j’ai de nombreuses fois visité, nous reprenons le chemin de la descente. Aux portes des Aravis le secteur du lac Bénit accessible mais discret, offre une très belle fenêtre sur les Alpes. Je ne me lasse jamais d’y revenir.

     

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  • Le réveil du Felletin

     

    Ardèche – Mont du Pilat

     

    20 Mai 2018

     

    Le Mont Felletin ou aussi appelé le Grand Felletin.

    Un belvédère somptueux à la frontière entre l’Ardèche et la Haute-Loire, qui possède tout le charme d’un paysage montagnard boisé et offre une vue panoramique des monts du Pilat vers la chaîne des Alpes, du Mont Blanc, jusqu’aux Ecrins.

    J’étais déjà venu faire des photos dans le secteur, mais quand Damien, mon fidèle compère, me propose d’aller bivouaquer là-haut, je dis GO !

     

    Tout le matériel est préparé, une bonne opportunité de tester ma nouvelle tente de bivouac.

    Le programme est bien excitant. Après le repas familial, nous chargeons tout notre attirail dans le 4x4 et prenons la route, direction Riotord. La soirée promet d’être bien sympa.

    A nous le petit chemin sauvage qui s’enfonce dans la forêt.

    Après une montée nocturne jusqu’au Grand Felletin, nous posons notre tente. Pour Damien c’est l’occasion de tester son hamac prêt pour un bon trip « survie ».

    Dans l’esprit d’améliorer nos compétences en autonomie, mon compère entreprend de faire un feu avec les moyens du bord. Il nous faut trouver du bois… sec ! Puis enflammer les brindilles grâce à une pierre à étincelle. L’opération est fastidieuse et loin d’être gagnée. Après plusieurs tentatives, nous arrivons enfin à produire le feu tant attendu.

     

    La soirée

                      -  Photo : Damien Hubert -

     

    On sort les tasses pour boire une bonne tisane, il fallait bien profiter de notre feu. La soirée se prolonge autour de ce feu, on rigole, on raconte des histoires de rando, de survie et de photos.

    Mais il se fait tard, alors nous éteignons notre feu, et nous regagnons nos antres respectifs.

    Le réveil sera matinal pour accueillir le soleil comme il se doit. Il est vrai que ma dernière visite au Grand Felletin s’est soldée par un brouillard tenace qui n’a pas été très coopératif.

     

    En ce mois de Mai, le jour se lève tôt, environ vers 6 heures. Cependant, j’ai maintenant une certaine habitude qui s’est installée pour n’avoir dans ces situations, aucun problème à m’extirper du sac de couchage.

    L’ambiance est fraîche et le temps est splendide. J’aurai presque espéré un ciel un peu plus chargé et une ambiance puissante au levant, mais ne faisons pas la fine bouche.

    Je profite de l’heure bleue qui est terrible. Le sommet du Grand Felletin surplombe un magnifique chirat, un éboulis rocheux qui se perd dans la forêt en contrebas. Ces curieuses formations géologiques se sont formées lors de la dernière période glaciaire du quaternaire, résultant de l’éclatement du gneiss sous l’effet du froid.

    Les blocs scintillent dans la lumière bleutée du jour qui se lève. Quelques nuages embellissent le ciel. J’aime particulièrement cette ambiance froide de l’heure bleue qui nous offre souvent des couleurs de ciel pastelles somptueuses. Cette froideur des teintes recouvre tout le décor. Elle sublime particulièrement les paysages rocheux ou enneigés en hiver.

    Ici, les blocs de pierre captent bien la teinte de l’aube.

    Le ciel s’illumine pour accueillir l’astre. Une lumière vive, digne d’une explosion nucléaire. J’aime bien cette composition.

     

    Le réveil du Felletin

     

     

    Mon acolyte me rejoint et nous admirons ces minutes qui révèlent tout l’intérêt du lieu.

    Une poignée de minutes plus tard, le soleil apparaît enfin et embelli la scène, chassant les teintes froides pour installer les reflets chauds de l’heure dorée. Cette période éphémère ou les ombres sont chaudes et douces, les reflets dorés. Puis la température se réchauffe sous l’effet du soleil que l’on capture souvent en forme d’étoile dans nos scènes.

     

    Le réveil du Felletin

     

    Le soleil pénètre doucement dans la forêt et éclairent notre campement. Nous profitons encore un peu des senteurs de la forêt.

     

    Le campement

     

    Mais il nous faut plier nos tentes, ranger nos affaires et prendre la route du retour.

    Ce fut une parfaite première expérience avec ma nouvelle tente et me laisse une grosse envie de réitérer l’aventure.

    Le Grand Felletin a tenu ses promesses et nous a offert un très beau lever de soleil. Encore une sortie bien réussie.

     

     

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