• Bivouac de rêve

    17 Juin 2017

     

    Haute vallée de l’Ubaye – Un stage au Paradis   (44.562194, 6.888936)

     

    J’ai toujours eu une grande attirance pour les sommets, comme un besoin vital d’arpenter les sentiers de montagne. A mes débuts en photographie, je suis naturellement tombé assez vite sur les images de Fabien Dal Vecchio. Une figure incontournable dans l’expression des scènes alpines. J’ai eu une première occasion de le rencontrer lors d’une exposition. Nous avons échangé quelques anecdotes  alpines et discuter de ses projets de stage en montagne. Je suis ainsi resté à l’affut d’opportunités  très prometteuses. Alors lorsque j’ai appris l’arrivée de ses workshops dans la vallée de l’Ubaye, j’ai sauté sur l’occasion.

    Me voici donc en route vers Barcelonnette. Après un accueil aux petits oignons chez les parents de notre organisateur qui nous permit de faire connaissance avec tous les photographes et bien sûr avec Claude Gouron, le co-organisateur du stage. Nous avons passé une soirée mémorable.

    Nous chargeons au petit matin notre matériel dans la camionnette et partons vers la haute vallée de l’Ubaye au-delà du petit village de Maljasset.

    De là nous répartissons nos affaires sur de généreux porteurs à quatre pattes, deux ânes adorables.

     

    Ubaye

     

     

    Puis nous partons à l’assaut des sommets.

    Le chemin s’élève en traversant une forêt de mélèzes et de conifères, puis laisse paraitre les pâturages préalpins. Chacun est émerveillé par tant de beauté. Une vallée qui m’est inconnue et pourtant si familière.

     

    Ubaye

     

     

    Notre sentier rencontre la Croix du Passour, l’occasion pour une petite halte et aussi le moment de laisser nos appareils photo s’exprimer dans ce beau lieu. J’en profite justement pour capturer l’esthétique de jeunes joubarbes.

     

    Ubaye

     

     

    Nous reprenons la route qui longe un torrent et serpente dans cette belle vallée. Les premiers cris de marmottes raisonnent entre les parois verticales. Au loin le passage d’un rapace, probablement un aigle royale selon nos spécialistes locaux.

    Le soleil brille et l’ambiance est parfaite. Nous profitons de nous ravitailler, et bien sûr de prendre quelques clichés !

    La suite de notre monter nous emmène vers le premier petit lac. En route, nous arrivons sur une terrasse, et ne pouvons qu’admirer l’aiguille Pierre André et l’aiguille large. Ces deux magnifiques sommets se reflétant dans une petite zone  marécageuse de névé. De quoi s’amuser avec les reflets.

     

    Ubaye

     

    Le chemin se poursuit et l’environnement se fait plus minéral. Devant nous la pointe basse de Mary à plus de 3100m d’altitude, imposante et majestueuse. Le dénivelé commence à se faire sentir surtout, que mon sac qui comme d’habitude n’est pas léger. Je ne peux me résoudre à laisser mes objectifs au placard. C’est toujours un casse-tête pour moi et surtout une torture de devoir faire un choix sur le matériel que j’emporte. Mais là, pas le choix, il fallait se limiter, je n’avais que 13kg sur le dos !

    Nous arrivons aux lacs de Tuissier. Une belle étendue d’eau dans laquelle vient plonger les névés encore bien présent. L’eau cristalline héberge pourtant une vie impressionnante. Nous y trouvons même quelques têtards de grenouilles rousses, selon les informations avisées de notre accompagnatrice Chantal. Quelques-uns d’entre nous grimpent sur le pierrier qui surplombe le lac, la vue est surprenante, l’arête en son sommet l’est encore plus, mais ce paysage de roche et de neige a quelque chose d’envoutant. La végétation rase, mais néanmoins bien présente laisse apparaitre çà et là de très belles fleurs de haute altitude dont Claude nous dévoile jusqu’au nom latin. Nous nous sentons tous comme à la maison, épanouis d’être là-haut.

    L’heure avance et nous avons encore de la distance à parcourir. Nous remettons les sacs sur le dos et entamons une traversée assez fatigante qui nous amènera sur notre lieu de bivouac.

    En chemin, les marmottes nous accompagnent, peu farouches, elles sortent de leur hibernation. Les sentinelles sont perchées sur un promontoire et sont prêtes à avertir leurs congénères qui jouent et vaquent à d’autres occupations.

    Avant d’atteindre le replat, nous traversons un dédale de pierres disposées de manière très surprenante. Une géologie différente, très veinée, parfois dressée à la verticale. Un bien bel endroit qui héberge quelques belles anémones pulsatiles. Toutes velues et toutes douces, bercées par le vent, baignées par le soleil de fin d’après-midi, elles me plongent dans ce monde rude et pure.

    Ubaye

     

    Nous retrouvons tout le monde. Nos accompagnateurs arrivés sur les lieux avec les ânes avaient déjà monté les tentes. Un service cinq étoiles. Et clou de la soirée, une petite raclette allait couronner le repas. Ce fut un excellent moment de convivialité et de franches rigolades. Mais voilà que le soleil s’approchait de l’horizon. Branle-bas de combat ! L’escadron de passionnés allait faire crépiter les boîtiers. Histoire de bien entamer la digestion, un petit chemin nous emmenait vers les lacs du Roure et là, le spectacle s’annonçait grandiose. Des passages nuageux juste comme il fallait venaient pigmenter la scène.

    Ubaye

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    Ubaye

     

    Les clichés s’emmagasinaient sur les cartes mémoires. Un reflet rougeâtre sur le lac, un sommet qui s’embrasait, un starburst du soleil qui se cachait entre les nuages, un névé qui prenait des couleurs de feu, puis l’heure bleue qui finissait notre expérience en apothéose. Une vraie symbiose, nous nous sentions si bien là-haut, on ressentait tous cette excitation, le moment où tout nous émerveille, la lumière est si belle, les scènes tellement évidentes, que l’invitation à immortaliser l’instant était inévitable. Nous voulions tous tirer la quintessence de ce paysage.

    Nous finissons par redescendre à la frontale, tels les sept nains qui rentrent du boulot.

    Arrivé au camp, nous allons rapidement nous coucher car la nuit va être courte. Réveil à 5 heures pour les plus courageux afin d’aller cueillir les premiers rayons du soleil.

    J’étais même réveillé un peu avant les autres. L’ambiance est fraiche en cette mi-juin, à 2500m d’altitude.

    Quelques courageux s’engagent sur la monté que nous avions prise la veille. Je monte avec Fabien sur le plus haut des lacs du Roure. L’ambiance froide de l’aube est mordante, mais l’endroit est somptueux. Les névés plongent de part et d’autre, dans les eaux du lacs. Le contraste entre les rochers et la neiges vieillies est saisissant. Surplombant l’endroit, l’aiguille de Chambeyron est prête à recueillir les premiers rayons de l’astre.

    Un super moment de partage avec mon coach qui est en quête de la même chose que moi. De cette sensation de bien-être ultime que l’on puise là-haut, au sommet des cimes. Cette force que nous transmet la montagne.

    Ubaye

     

    Après avoir choisi un angle de vue qui me parait intéressant et met en valeur les sommets, la lumière tant attendu fit son arrivée. Les crêtes des aiguilles commencent à s’embraser. Un moment unique et éphémère qui ne laisse guère de temps à la réflexion. Il faut être prêt à saisir l’instant. Le ciel est malheureusement pure, pas un nuage pour apporter de la richesse et de la matière, mais qu’importe, les teintes sont belles. Elles se reflètent sur la surface du lac. A ce moment précis, on sait pourquoi on s’est levé tôt et que le confort concédé valait bien tout ça.

    Tous les sommets voisins, sont sortis de leur torpeur. Nous en profitons pour les immortaliser encore et encore. Pris par la frénésie de rapporter le souvenir de toutes ces pointes et dalles de granite.

    Un ruisseau de névé qui rejoignait fougueusement la vallée m’incita à une petite pose longue avec un panorama à couper le souffle.

     

    Ubaye

     

    Le soleil commence à réchauffer l’atmosphère et nous motive à aller retrouver le reste du groupe pour un petit déj d’altitude. Le café réchauffait les âmes et déjà nous partageons nos prises du matin.

    Plus tard, chacun cherche à capturer quelques clichés, ou simplement profiter du lieu. Pour ma part nous partons avec Claude chercher le détail. Le petit sujet que l’on ne remarque pas au premier passage, ou alors les œuvres façonnées par la nature elle-même.

    C’est tantôt une soldanelle qui brille au soleil, s’épanouissant non loin du petit ruisseau formé par la fonte du névé.

     

    Ubaye

     

    Les rhododendrons se cachant derrière les rochers, forment des tableaux à eux-seuls. Tels des arbres en deux dimensions.

    Je n’avais jamais vu cette façon de pousser, comme un moyen de se protéger de la rigueur du climat à cette altitude.

     

    Ubaye

     

    Une toile, tendue entre deux rochers comme un piège imparable pour capturer l’insouciant petit insecte volant  qui par mégarde aurait choisi ce passage. La consciencieuse épaire aussi concentrée sur la régularité de sa toile, qu’impatiente de rapporter son déjeuner, se laissait facilement photographier grâce à son immobilité parfaite.

     

    Ubaye

     

    De beaux moments, où je prends une fois de plus conscience que de belles photos peuvent être faites facilement, juste là, devant nous. La proxiphoto offre souvent de belles opportunités de mettre en valeur son environnement proche.

     

    Il est l’heure de refaire notre paquetage, et de prendre congé de nos ânes et de leurs maîtres.

    Notre destination : les lacs supérieurs de Marinet.

    Nous devons redescendre pour mieux remonter. Nous empruntons un bout, le vallon de Mary, un bel endroit, encerclé par les dalles de granite. Un petit ruisseau serpente au milieu d’une prairie presque fluorescente, son eau cristalline révèle la couleur verte parfois rose des cailloux rappelant qu’ici était prélevé dans le passé, du marbre, le marbre vert de Maurin.

     

    Ubaye

     

    La monté est assez éprouvante, le chemin nous fait avaler un dénivelé important. La marche de la veille se fait sentir dans les mollets.

    Nous arrivons au bord du lac qui possède également une eau d’une transparence impressionnante. Quelques bancs de glace flottent à sa surface. Nous faisons notre halte déjeuner ici.

     

    Ubaye

     

    Certains veulent profiter du soleil et de prendre un peu de repos. Les autres dont je fais partie, décidons de grimper un peu plus haut, pour admirer une vue surplombante sur les 2 côtés de la montagne, un spectacle grandiose. Je suis toujours stupéfait de voir des plantes pousser ici, fouettées par le vent et la neige, au milieu d’un univers très minéral, mais poussant tranquillement, j’ai envie de dire, avec une certaine insolence.

     

    Puis l’heure de la grande descente approche. Déjà nostalgique de ces merveilleux endroits que nous avons visités.

    Les marmottes nous accompagnent toujours, nous avons même pu assister au travail de terrassement que l’une d’elles avait entrepris.

    Ubaye

     

     

    Les kilomètres s’enchaînent et nous retrouvons la végétation de conifère, un soulagement d’arrivée en bas, mais un pincement en laissant notre regard se retourner pour admirer encore une fois les sommets.

    Nous retrouvons notre minibus qui nous ramène au village de Maljasset où nous allons passer la nuit.

    Un très charmant petit gite dans lequel le tenancier nous concocte un repas traditionnel, revigorant et tellement authentique. S’ensuit une soirée critique et développement photo. Mais la fatigue a raison de nous.

    Ubaye

     

    Le lendemain, nous nous offrons une ballade autour du village. Promenade le long de l’Ubaye, qui ici crache déjà ses eaux tumultueuses. Nos organisateurs nous racontent plein d’histoires qui façonnent cette vallée.

     

    Un dernier repas dans une table d’hôte très accueillante puis la fin du week-end approche.

    Ce fut trois jours fantastiques, empreint de bonne humeur, de rigolade, de partage, de rencontre.

    Je ne remercierai jamais assez Claude et Fabien pour cette expérience inoubliable.

     

     

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  • Commentaires

    1
    Buns
    Mercredi 15 Novembre 2017 à 17:39

    Top Tom

    2
    Jeudi 16 Novembre 2017 à 05:32
    Tout d’abord un grand merci pour tes commentaires Christophe. Ce fut un réel plaisir de partager ces instants abevc toi.
    Encore bravo pour toutes tes images réalisées durant ce séjour en Haute Ubaye.
    3
    Jeudi 16 Novembre 2017 à 05:35
    Tout d’abord un grand merci pour tes commentaires Christophe. Ce fut un réel plaisir de partager ces instants abevc toi.
    Encore bravo pour toutes tes images réalisées durant ce séjour en Haute Ubaye.
      • Lundi 11 Décembre 2017 à 23:02

        Merci Fabien, plaisir largement partagé. Et je suis certains que nous aurons encore à l'avenir l'occasion de contempler ensemble de belles scènes montagnardes !

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