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Une impression sibérienne dans le Jura

Une impression sibérienne dans le Jura


23.01.2021

Lajoux – Les Molunes, Jura.

 

Pour le premier rendez-vous photographique majeur de l’année, je rejoins mon ami Sylvain avec qui nous avons gravi le Buet au prix d’une monté dantesque.

J’ai découvert ce séjour photo sur sa chaîne YouTube, Mon Petit Reflex. Déjà séduit par le retour qu’il avait fait sur son séjour d’automne en Franche-Comté, alors quand j’ai regardé sa présentation sur la sortie un peu « roots » dans des conditions hivernales dans les vallons jurassiens, je me suis dit : « Là, je ne laisse pas passer, j’y vais ! »

Les conditions sanitaires rendues difficiles par la pandémie provoquée par le virus du Covid, nous avons bien cru qu’allait s’envoler ce beau séjour.

Mais grâce au génie de Sylvain et à de multiples plans B, l’événement a toutefois pu avoir lieu.

Jura

 

 

Nous avons donc rendez-vous dans le lieu-dit des Molunes, non loin du village de Lajoux, en plein cœur du Jura.
Le décor : des vallons sauvages, quelques fermes jurassiennes de caractère, et la nature à l’état pur.

En ce début d’année, notre société et nos habitudes sont toujours chamboulées en raison de la pandémie, ainsi un test est nécessaire pour chacun des participants afin de s’assurer que nous n’amenons pas dans nos sacs ce vilain virus. La situation reste tendue et je décide de ne les rejoindre que le samedi matin afin d’éviter une nuit en chambre commune.

Le village des Molunes se trouve à 10 km de chez moi, à vol d’oiseau… Mais à vol d’oiseau seulement. Car pour m’y rendre il me faut traverser le jura par le col de la Faucille, redescendre sur l’autre versant et longer la Valserine jusqu’à Mijoux pour remonter sur Lajoux. Et enfin, emprunter une petite route pour rejoindre Les Molunes.

Ce matin la neige s’est invitée dans l’aventure, parfait pour l’ambiance du séjour, moins intéressant pour s’y rendre. J’aime la montagne et j’y traine souvent mes chaussures. Pourtant je n’ai pas une voiture à toute épreuve pour affronter des conditions de route bien enneigée. Aussi je prévois un peu de marge, on ne sait jamais. Et l’idée n’est pas idiote. La route est bien blanche dès la sortie de Gex, mais la monté jusqu’au col de la Faucille se passe bien. La descente sur Mijoux est plus délicate. Le déneigement étant en cours. La monté sur Lajoux est encore plus difficile. Un chasse neige est en train de débarrasser la route d’un arbre qui a cédé sous le poids de la neige. Pourtant, j’arrive à repartir. A Lajoux je prends une petite route recouverte de 15 à 20cm de neige où des congères se forment. Mais ça passe !

À 7h je suis sur le parking du gite comme prévu. Je rejoins le groupe et fait connaissance des autres membres.

Le programme est alléchant. Une belle balade entre forêts et collines dans la poudreuse profonde. Petit imprévu dans la logistique, le petit bus de Laurent, le co-organisateur, pressenti pour véhiculer la troupe vers les différents spots, n’est pas vraiment équipé pour ce genre de route. Impossible d’installer des chaînes à neige. Par conséquent, plan B, on se répartit dans trois voitures, dont la mienne. C’est parti, le train suit notre guide et nous rejoignons notre première destination.
Au parking, notre accompagnateur donne des explications sur le déroulement de la balade et l’utilisation des raquettes à neige, pour mes compagnons les moins familiers avec ce matériel.

Et nous partons pour notre sortie. Les sapins sont recouverts de poudreuse. L’ambiance est magique.

Jura

 

Les raquettes s’enfoncent généreusement dans la poudreuse légère. Le bruit est étouffé par ce doux duvet. Ici une trace de lièvre s’enfuit sous les conifères. Dans la région nous sommes entourés d’épicéas, ce qui contraste beaucoup avec les contreforts lémaniques du Jura, où les sapins son presque majoritaires sur les épicéas.

Nous évoluons en file indienne avec une discipline exemplaire. Etant souvent en tête du cortège, cela me permet de sortir l’appareil dès que l’occasion se présente afin de capturer toutes ces belles ambiances.

Jura

 

 

Sylvain et Laurent profitent de ces petites haltes pour nous distiller leur savoir et leurs techniques. Il y a toujours quelques trucs à apprendre.
Le travail sur les lignes directrices, l’équilibre des plans au travers des lignes des tiers, la mise en valeur des sujets par les points de force de l’image, le jeu des contrastes, la maîtrise des lumières… tout un arsenal de critères qui nous assure une belle image.

Jura

 

En début de balade, les nuages se déchirent pour laisser paraitre le soleil. Mais la clémence de la météo ne sera que de courte durée. Peu de temps après la neige se met à tomber et plus nous nous approchons des crêtes, plus le vent s’installe et s’immisce dans nos moindres ouvertures. On est content dans ces moments d’avoir des vêtements techniques bien adaptés à la situation. Mon expérience de ce genre de condition m’aide beaucoup et je suis serein quand je m’aventure dans la tourmente.

Ces régions austères et parfois inhospitalières nous offrent des ambiances extraordinaires. Et je dois dire que je préfère largement ce temps plutôt qu’un monotone ciel bleu sans âme.

Jura

 

Peu d’animaux nous font grâce de leur présence, cependant, de petits passereaux volent d’épicéas en épicéas. Notre guide nous indique qu’il s’agit de Bec-croisés des sapins ! Voilà bien longtemps que je n’en avais pas vu. Ce petit oiseau typique des forêts montagnardes de conifères, se distingue par son bec dont les mandibules se croisent. Elles sont spécialement adaptées pour décortiquer les cônes de sapin pour en extraire les graines dont ils se nourrissent. J’aime beaucoup ce petit oiseau en grande partie migrateur, dont les couleurs sont très vives et la bouille vraiment sympathique. Cela faisait longtemps que je voulais en revoir, mais l’occasion ne se représentait pas.

Ici une femelle aux teintes brun verdâtre.

Bec-croisé

 

Les kilomètres se succèdent et quelques membres commencent à souffrir dans cet effort. Aussi Laurent propose de retourner au parking et rentrer au gite.
Nous poursuivons notre balade, les paysages sont terribles, entre forêt et vallon. Un arbre majestueux dressé face aux éléments, reste stoïque sous la neige.

arbre dans la neige

 

 

Nous arrivons dans une forêt. Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point en hiver, la neige recouvre les arbres jusqu’au plus profond des sous-bois. En effet, d’ordinaire, prendre des photos en pleins forêt n’a jamais beaucoup d’intérêt, car la lumière y est souvent faible ou trop contrastée. L’ambiance est souvent très sombre et il est difficile de ressortir ce que l’on ressent. Mais aujourd’hui même les plus petites branches sont recouvertes de neige, toute la végétation est comme saupoudré d’un beau duvet blanc.

Forêt du Jura

 

Un peu plus loin une forêt composée de grands épicéas, nous accueille. Nous allons pouvoir y pique-niquer. Mais avant d’y pénétrer et après qu’un de mes compagnons ait eu un bon œil, je remarque une entrée dans la forêt qui me donne l’impression d’un passage secret.

Forêt du Jura

 

On casse la croute au pied des grands conifères. On échange quelques anecdotes en rigolant bien. Pendant cette petite halte j’ai comme une impression d’être dans une quête dans un monde d’héroïque fantaisie.

Nous nous baladons dans les vallons et les clairières, non loin d’une promenade que j’ai pu faire au printemps 2020, après que nous ayons pu ressortir suite au premier confinement. Nous avions dès lors pu monter sur le Crêt au Merle et en faire le tour par le col des Salettes. Un beau souvenir, mais cette fois tout est blanc, la neige efface tout repère. J’ai l’impression de reconnaitre un sentier, une lisière, mais en fait, je suis complètement perdu. Je crois reconnaitre un endroit mais je me trompe complétement ! Toutes les forêts se ressemblent, les clairières aussi, même les fermes. Seule une fameuse ligne à haute-tension produisant bourdonnement caractéristique que j’avais déjà remarqué au printemps, me laisse penser que je suis déjà passé par là !

Forêt du Jura

 

La neige se remet à tomber de plus belle, nous décidons de revenir vers le parking. En chemin, quelques haltes s’imposent pour capturer quelques belles ambiances généreusement enneigées.

Forêt du Jura

Forêt du Jura


 

De retour au gite, nous voilà comblés par une belle journée pleine d’émotions et d’images merveilleuses. Le début de soirée est animé par Sylvain et Laurent qui nous montrent des exemples de post-traitement des photos et nous distillent leurs connaissances.

La situation particulière nous contraint de prendre notre repas dans un salle spécifique pour notre groupe, avec un service minimum. Mais cela n’entame pas la bonne humeur du groupe, d’autant plus que chacun ayant pratiqué un test PCR qui nous apporte un peu plus de sérénité. Et la soirée s’étire, partage d’expérience, d’histoires de photographe, anecdotes amusantes, découverte de passions communes, on apprend à se connaitre et on passe une belle soirée.

Mais le programme du lendemain est soutenu ce qui nous impose d’être raisonnable pour la soirée. Ainsi nous rejoignons nos dortoirs, où tout de même les discussions jouent les prolongations.

5h00, le réveil sonne, la nuit ne fut pas si mal. Malgré les ronflements de certains, dont moi d’ailleurs !

On prend vite fait un petit dej’ et ne trainons pas à rejoindre le point de rendez-vous. Ce matin ce sera la Dôle. La route est enneigée et nous ne pouvons pas partir avant 6h00 à cause du couvre-feu sanitaire, mais nous sommes motivés. Toutefois seuls quelques-uns d’entre nous participerons, les autres un peu effrayés par l’ampleur de la randonnée n’ont pas souhaité suivre, par peur de ralentir le groupe.  
La Dôle, c’est un peu mon jardin. Maintes fois explorée. Coucher, lever de soleil, en rando ski l’hiver, spot de snowboard pour les vallons gorgés de poudreuse, ou en automne pour ses belles couleurs, bref je l’ai explorée sous toutes ses coutures. Je me réjouis de m’y balader avec cette équipe.

Nous retrouvons notre guide sur le parking de la Greffière. Le ciel est complétement dégagé. L’ambiance est bien différente de celle de la veille. Frontale sur la tête, l’obscurité nous enveloppe encore, nous empruntons le petit sentier qui longe la piste de ski de fond de la Germine. Le chalet de la Greffière marque le passage en Suisse, et ouvre le panorama sur le plateau de la Vattay. L’aube s’installe petit à petit et l’horizon profite du bleu intense du ciel pour nous préparer l’heure de même couleur. Cette période tant appréciée des photographes, s’annonce grandiose.

Jura

 

Et le résultat ne nous déçoit pas.

Nous traversons la pleine, passons non loin du chalet du Grand Sonnailley, Le jour se lève gentiment et les couleurs s’affirment. La bleuté dominante fait place à un dégradé rosé qui décore l’horizon.

Jura

 

Bonne ambiance pour ce début de balade, le petit groupe suit tranquillement la trace.

Jura


 

Mais il nous faut hâter le pas car le soleil s’approche rapidement de l’horizon et bien sûr nous voulons profiter de l’apparition de l’astre sur la chaîne du Mont Blanc.

Finalement la Dôle étant trop loin pour l’horaire, nous atteignons un petit sommet sur la crête. C’est l’avantage de cette chaîne du Jura, car dès que nous arrivons sur la crête, les points de vue sont légion et on peut s’installer presque n’importe où pour profiter de la vue sur le bassin lémanique et les sommets des Alpes.

Jura


 

Notre spot est bien sympathique et offre une multitude de scènes photographiques.

La vue sur la Dôle et les sculptures de la neige témoignant d’une activité ventée très présente, sont superbes

La Dôle

 

La chaîne du Mont-Blanc au téléobjectif offre parfois des scènes intéressantes. Ici le Mont-Dolent qui se met en évidence avec les volutes de neige soulevées par les bourrasques.

Les Alpes

 

Un peu plus tard notre coach, Sylvain, nous propose un cours sur le Focusd stacking. Un nom un peu barbare qui consiste à obtenir une netteté absolue dans une photo dont les éléments se succèdent de quelques centimètres à plusieurs dizaines voire centaines de mètres.

Pour l’exercice, j’avais repéré une sculpture de la neige par le vent qui formait une belle ligne qui nous amenait vers un petit groupe de sapins.

Jura

 

Nous serions bien restés dans ce décor pendant des heures, mais les minutes s’écoulent et nous avons un timing à respecter. Nous redescendons de notre morceau de paradis, non sans profiter de quelques belles scènes.

Jura

 

 

Après avoir traversé le plateau des Sonnailley, nous traversons un petit ruisseau qui peine à s’afficher dans la rigueur de l’hiver. De beaux champignons de de neige, généreusement bombés sous un velouté de poudreuse.

Jura

 

La fin du chemin est au bout de la forêt, le soleil filtre à travers les sapins et nous accompagne jusqu’au voiture. On reprend la route et retrouvons le restant du groupe au gite où nous prenons un repas.

Le programme de l’après-midi va nous emmener vers des cascades nichées au fond d’une vallée escarpée.
Toujours beaucoup de neige dans ce petit village des Molunes. La route est toujours bien blanche, mais nous descendons de nos hauts vallons vers le village de Septmoncel, puis en direction de Saint Claude. Changement de décor, nous descendons à 430 mètres d’altitude puis prenons une route qui longe la rivière du Flumen. Nous abandonnons nos carrosses pour emprunter le chemin jusqu’aux chutes d’eau. Après une bonne balade qui nous laisse le temps de nous familiariser avec le torrent, le fougueux grondement des chutes d’eau nous indiquent que nous touchons au but.

L’humidité devient plus présente et le chemin plus glissant. Deux cascades assez différentes mais aussi majestueuse l’une que l’autre se présentent devant nous. Je me dirige vers la cascade de droite, plus délicate mieux intégrée dans sa falaise. Un long saut vient projeter l’eau qui se pulvérise dans des embruns qui vont nous obliger à gérer avec agacement, les gouttelettes d’eau sur l’objectif. Mais le résultat me plait beaucoup. Nous plongeons dans l’image, avec des rochers recouverts de mousse verte très lumineuse, au premier plan, entre lesquels serpente le torrent. Au pied du mur de la falaise, la gouille d’eau est le réceptacle d’une chute de 10 ou 15 mètres dont je capture la douceur dans une pose longue.

cascade du Flumen

 

Après avoir bien rincé mon matériel, et moi-même, je reviens un peu sur mes pas pour immortaliser la première cascade. Elle m’avait moins séduite lors de notre arrivée sur le site. Je n’avais pas réussi à trouver une composition qui me plaise. Mais au final, un arbre sur l’autre rive, attire mon attention. Son look un peu survivant apocalyptique d’un âge reculé, répond bien à la puissance de la cascade un peu en arrière-plan, le tout souligné par le torrent qui revient à l’avant-plan dans une déclinaison de couleur allant du vert, au turquoise et jaune-beige.

cascade du Flumen

 

Nos coachs profitent de l’occasion pour partager leur savoir en matière de pose longue, à ceux dont la technique n’est pas familière. La présence de rivière ou plan d’eau procure toujours une sensation d’apaisement, même si pour nous, le froid et l’humidité estompe un peu notre plaisir.

Après cette bonne session, nous regagnons nos voitures et remontons dans la neige. De retour au gite, on se réunit tous autour de nos animateurs qui nous donnent un cours de retouche photo sur les poses longues et l’intérêt d’assembler différentes parties de la scène capturées avec des vitesses variées, ce qui donne des effets plus ou moins « filés » sur l’eau.

Après cela, petite restauration et une soirée qui s’étire dans le rire et les histoires de photographe.
La météo s’annonce des plus neigeuses pour le lendemain. Aussi, il est prévu de faire une bonne balade en raquette autour du gite.

Et en effet au petit matin, une quantité impressionnante de neige a recouvert la surface. Cela promet de belles images de forêts enneigées.
Nous préparons le matériel, les habits, un bon petit dèj’, et c’est parti pour une rando sous les flocons. Notre guide nous emmène dans la pente derrière le gite. On brasse dans la profondeur de la couche fraiche.

Forêt du Jura

 

La neige s’invite sous la forme de belles averses, mais n’entrave en rien notre motivation. J’apprécie la qualité de mon matériel qui résiste sans broncher aux assauts humides de la météo, et donc il reste à mon épaule, prêt à dégainer.

Forêt du Jura

 

 

Le décor est sublime, l’ambiance hivernale, suprême. Les arbres souffrent sous la masse de neige, nombreux sont ceux qui y laisseront des branches. Mais pour l’instant les images sont magiques.

J’aime également m’attarder sur des éléments isolés. Un sapin reste à l’écart, l’idéal pour un cliché minimaliste.

Sapin dans la neige


 

Comme cette silhouette, courageuse, sur la colline blanche, en marge du mur de conifère.

Sapin dans la neige

 

La neige et le vent ont repris de plus belle. La balade se passe bien et voilà un bout de temps que l’on marche. Nous passons devant une ferme qui résiste aux intempéries. En la regardant, je prends pleinement conscience de la rigueur de la région.

Ferme jurassienne

 

En traversant la route, nous croisons une autre ferme jurassienne typique de la région. Ces bâtisses sont protégées sur leur façade exposée aux vents dominants par des tavaillons ou plus récemment par des taules. Cela leur offrait une meilleure isolation. On note encore une fois la rigueur de la région, qui forge le caractère de ces habitants.

Ferme jurassienne

 

Nous poursuivons sur la crête, en imprimant notre passage au rythme de nos raquettes. Le vent devient plus soutenu, et nous décidons de terminer notre sortie. Encore quelque valons et nous voilà revenus au point de départ.

Ainsi s’achève notre belle aventure malgré une situation sanitaire compliquée en raison de l’épidémie de Covid. Une organisation menée de main de maitre par Sylvain et Laurent que je remercie encore.

 

Pour prolonger la balade, je vous recommande la vidéo de Sylvain, sur la chaîne de Mon Petit Reflex :

 

 

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