• Entre aube et crépuscule sur les hauts plateaux du Giffre (épisode 2)

     

    Juillet 2021

     

    Haute-Savoie

     

    Episode 2  - Le crépuscule

     

     

    Pour ce second opus, je repars vers les pointes proches du Pic du Marcelly. Il y a quelques jours je défiais l’heure matinale pour aller capturer les lumières de l’aube, aujourd’hui, je m’aventure à nouveau vers cet endroit magique pour accompagner la fin du jour.

     

    Montagnes du Giffre

     

    Je décide de varier les itinéraires et pour cette balade j’entame la montée dans un beau pâturage regorgeant de belles fleurs. Je débuterai par le même thème que celui où l’épisode précédent s’est achevé. Un sujet qui me tient à cœur et me passionne profondément, la botanique.

    Ainsi, durant le début de cette randonnée, les formes merveilleuses et les couleurs féériques des petites pépites végétales vont m’accompagner. Orchis moucheron, platanthère, campanule barbue, lys martagon et autres centaurées seront de la partie.

     

    Platanthère

    Platanthera bifolia

     

    Campanule barbue

     

    Campanula barbata 

     

    Lys Martagon

     

    Lilium martagon

     

    Orchis moucheron

    Dactylorhiza maculata

     

    Orchis moucheron

    Gymnadenia conopsea

     

    Centaurée

    Centaurea montana

     

    Le chemin s’élève progressivement dans une combe somptueuse qui nous offre un magnifique panorama.

     

    Montagnes du Giffre

     

     

    Non loin de moi, des marmottes montent la garde sur un rocher, à moins qu’elles s’adonnent simplement à quelques jeux pour affirmer leur sociabilité.  

     

    Marmottes

     

     

    Je monte à un rythme certain pour ne rien rater du moment fatidique. Cependant, les ballets réguliers et proches de moi d’un faucon crécerelle m’obligent à sortir mon appareil pour l’immortaliser dans ce décor de rêve. J’ai rarement l’occasion de l’admirer avec une telle proximité, mais j’en vois de plus en plus en montagne. Ce petit rapace n’est pas très farouche et vient volontiers faire son amusant vol stationnaire prêt de nous pour guetter la moindre proie qui finira dans ses serres.

     

    Faucon crécerelle

     

     

    Encore quelques lacets et me voilà sur la crête. La pente se fait plus raide et sentier sillonnent entre des gros rochers et quelques arbres bas qui défient l’altitude qui approche les 2000m. 

     

    Montagnes du Giffre

     

     

    J’atteins la crête qui m’ouvre la vue sur les montagnes à presque 360 degrés. Contrairement au lever de soleil, les lumières sont opposées et donnent une tout autre sensation. Cet exercice nous démontre que d’un point de vue photographique un lieu peu révéler une ambiance totalement différente selon les heures de la journée. Et de ce fait, il peut apparaître captivant lorsque la lumière l’éclaire selon un certain angle, mais totalement dépourvu d’intérêt lorsque celle-ci arrive d’une autre direction.

    Dans mon cas, le lieu est sublime le matin comme le soir.

    J’avais pu m’émerveiller de l’arrivée de la lumière par l’Est, en début de journée, qui avait révélé de magnifiques contrastes et les rondeurs des reliefs.

    Le soir, la lumière venant de l’Ouest, va mettre en exergue la splendeur des montagnes de Chamonix ou des Aravis.

    A l’instar de la perspective que j’avais capturée le matin, où, dans un bourgeonnement de nuages, j’avais rapproché le pic du Marcelly et le Mont-Blanc. Ce soir, j’imprime le contraste du pic déjà endormi, sur le Mont-Blanc tout rosé par les illuminations du soir.

     

    Pic du Marcelly

     

     

     

    Autour de moi, les ambiances sont radicalement différentes. Le rose des montagnes éclairées par le couchant, font place à des reliefs emmitouflés dans les brumes et nuages bas. De l’autre côté, la chaine du Bargy se débat dans un capuchon cotonneux aux teintes pastelles.

     

    Montagnes du Giffre

    Pointe percée

    Montagnes du Giffre

     

     

    Je me souviens encore des émotions que j’ai ressenties lorsque le beau petit lac s’éveillait aux lumières ensoleillées. Ce soir, même lieu, autre ambiance, mais toujours des émotions magiques.

     

    Montagnes du Giffre

     

     

    Petit à petit, les brumes rosées enveloppent tendrement les cimes. Ces dernières ne résistent pas, elles se laissent imprégner par la fraicheur crépusculaire. Les derniers assauts du soleil n'apporteront point de chaleur, tout au plus une teinte ardente qui rappelle la fougue des fumerolles de volcan.

     

    Montagnes du Giffre

     

     

     

    Au fil des heures, l’astre suit sa course inexorable et va bientôt plonger notre région dans l’obscurité. Mais, l’espace de quelques minutes, il va illuminer les nuages dans des coloris irréels, mettant en évidence le contour de cette mer cotonneuse.

     

    sunset

     

     

    J’aime laisser les minutes s’écouler sans me soucier du temps. Je laisse la lumière me guider et me dire lorsqu’il est venu l’heure de redescendre. C’est pour cette raison que l’objet le plus important à ne pas oublier dans mes périples, c’est la lampe frontale !

    Mais avant cette retraite nécessaire, je profite encore des colorations froides et pastelles de l’heure bleue. Le soleil nous a peu à peu abandonné, mais de belles couleurs bleues, mauves, roses teintent le ciel. Seules les plus hautes aiguilles de la contrée sont encore éclairées par les dernières lueurs.

    Bientôt, même ces hauts sommets s’enfuiront dans la brume de la nuit, et laisseront place aux constellations d’étoiles qui scintillent dans les cieux.

     

    Pic du Marcelly

    Mont Blanc

    Montagnes du Giffre

     

     

    Ce soir, je m’attarde un peu plus qu’à l’accoutumée. Comme pour prolonger le plaisir.

    Je laisse mes pensées s’enfuir dans l’infinité céleste. La lune, notre satellite lumineux, m’offre une dernière fresque numérique, avant que je rejoigne le fond de la vallée.

     

    Lune

     

    Amour de mon pays jusqu'à ces hautes cimes, la montagne est un livre que j'aime feuilleter, mais pour lequel je ne voudrai jamais atteindre la dernière page. Alors je profite de chaque secondes passées en ces contrées encore un peu préservées.

     

     

     

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  • Entre aube et crépuscule sur les hauts plateaux du Giffre (épisode 1)

     

    Juillet 2021

     

    Haute-Savoie

     

    L’aube

     

    Sommets de mon enfance, je ressens un besoin inépuisable de me balader sur les crêtes des montagnes qui m’ont surveillé et vu grandir pendant toutes ces années. Je pense que c’est par un échange spirituel que je retourne toujours fouler ces mêmes sommets.

    Et quoi de mieux pour s’imprégner de ce calme et de méditer en toute tranquillité, que de s’y rendre le matin ou le soir.

    Je n’ai pas pu me résoudre à faire un choix, aussi, j’ai souhaité y aller à l’aube pour écouter le réveil de la nature et admirer l’arrivée des belles lumières. Mais aussi y retourner un soir, pour sentir la nuit envahir le paysage non sans nous avoir diffuser une myriade de couleurs qui s’enfuiront dans l’obscurité.

    Cette balade s’écoulera dans une rivière de mots et de pensées qui méritera bien deux épisodes.

    J’ai découvert une jolie pointe qui surplombe un beau petit lac au-dessus du plateau du Praz-de-Lys. Pour préserver la quiétude des lieux, vous me pardonnerez de ne donner que peu d’indication sur les lieux et leur nom. Ce matin je décide d’aller capturer les belles lumières qui accompagnent l’apparition de notre soleil. Après un départ très matinal, dans les derniers instants de la nuit, je débute mon ascension vers la pointe.

    Depuis le lac, un petit sentier suit la ligne de crête. L’itinéraire me semble le plus direct pour accéder au sommet, et l’horaire courant toujours plus vite que moi, je suis presque toujours « à la bourre » et donc j’essaie d’optimiser comme je peux mon trajet.

    Ce passage est une première, je ne l’ai jamais emprunté. Le sentier peu marqué s’amuse à resserrer les lignes de dénivelé sur la carte, autrement dit, ça grimpe dur !

    Mais la vue est splendide, le lac en premier plan et les montagnes au fond, le tout servi avec une lumière naissante et des nuages du plus bel effet.

     

    Montagnes du Giffre

     

    L’arrête qui accède à la pointe porte bien son qualificatif. Le chemin traverse quelques pentes bien abruptes où il trouve juste un petit passage entre les deux versants escarpés. Mieux vaut ne pas mettre le pied à côté.

    Un peu plus tard, j’arrive à la pointe et découvre une vue sur le Mont Blanc, les Aravis, les montagnes du Faucigny et du Chablais. Un magnifique panorama dans un écrin des plus apaisant.

    L’endroit est idéal pour méditer et profiter de l’instant. Le ciel savoureusement chargé de nuages, projette une douce lumière sur le lac et la verdure qui l’étreint.

    Non loin de moi, un chamois m’observe, intrigué. Je marque une pause, je l’observe, je lui indique mon respect pour son domaine. Je suis chez lui, il m’accepte et retourne à ses occupations gastronomiques, je reprends mon chemin.

     

    chamois

     

    Les montagnes aux loin dessinent des lignes contrastées. Le soleil vient percer sauvagement le matelas de nuage pour marquer de ses rayons, les pentes herbeuses à demie recouvertes d’épicéas.

     

    Montagnes du Giffre

     

    Tout autour de moi, le spectacle est complet. Le Mont-Blanc se bat avec une écharpe nuageuse qui lui impose sa domination.

     

    Mont Blanc

     

     

    Peu après, ses petites cousines affichent leur grandeur dans des teintes dramatiques.

     

    Aiguille Verte

    Grande Jorasses

     


    Les sommets me procurent une sensation de pouvoir être au-dessus des problèmes, comme si leur poids ne pouvait leur permettre de s’élever là-haut. J’aime admirer les cimes qui m’entourent, mais je me régale aussi de regarder les vallées, ainsi, je ressens un sentiment de paix absolue. Ce matin dans le fond des vallées, serpente une fine couverture de brume. On aurait presque l’impression qu’elle cherchait à dissimuler les traces humaines pour parfaire cette sensation de tranquillité tant convoitée.

     

    Vallée du Giffre

     


    Le soleil s’installe peu à peu et le petit lac s’orne de belles teintes, soulignées par un jeu d’ombre velouté.

     

    Montagnes du Giffre

     

     

    Le ciel est tourmenté mais pas menaçant. Le bourgeonnement de cumulus est intense, mais pas inquiétant. Je reste toujours vigilant sur l’évolution météorologique, en montagne. On est souvent au milieu de la nature, loin de zone sécurisée. L’arrivée d’orage n’est jamais quelque chose de rassurant, mais en revanche, la lumière et les ambiances sont souvent incroyables pour la photographie de paysage. On se retrouve toujours sur la fine et étroite ligne du raisonnable.

    Des cumulus expressifs bourgeonnent sur les crêtes qui les tranchent comme un rasoir. Ceux-ci déploient leurs champignons exacerbés et leurs formes torturées.

     

    Montagnes du Giffre

     

    Mon spot m’offre une vue singulière sur le pic du Marcelly et le Mont Blanc en arrière-plan. La perspective nous mystifie et nous laisse l’illusion de croire que nous pourrions d’un pas, aller de l’un à l’autre. Un sentiment irréel mais combien envoutant de pouvoir enjamber les sommets, survoler les cimes se déplacer comme un oiseau.

     

    Montagnes du Giffre

     

     

    Le soleil est bien levé et le matin s’effiloche, la vie fourmille autour de moi, oiseaux et insectes sont en pleine activité. Les fleurs encore couvertes de rosée, dévoilent leurs charmes et leurs couleurs. Je décide alors de prendre le chemin qui effectue une grande boucle et me ramène vers le lac.

     

    Montagnes du Giffre

     

     

    En chemin, je m’arrête régulièrement pour capturer le souvenir de somptueuses représentantes végétales de cet éden. Les trolles d’Europe, campanules thyrsoïdes, anémones à fleurs de narcisse, orchis tachetés, lys de Saint Bruno, orchis de mai, orchis globuleux et autres benoîtes des ruisseaux.

     

    Trolles d'Europe

    Campanulle Thyrsoïde

    Lys de Saint Bruno

    Orchis de Mai

    Orchis globuleux

    Orchis tacheté

    Benoîte des ruisseaux

    Orchis tacheté

     

    Rhododendron

     

    Sans oublier les Rhododendrons qui tapissent copieusement les pentes herbeuses de moyenne montagne.

    Ce matin, la nature m’a offert les ambiances magiques de la montagne telles que je les rêve. Elles m’ont ravi et m’ont comblé. Il ne me fallait rien de plus pour me motiver à venir explorer ces lieux de l’autre côté du cadran !

    Ainsi quelques jours plus tard je remontrai au même endroit embrasser le coucher du soleil.

     

    Montagnes du Giffre

     

     

     

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  • Sérénité forestière

    17 Avril 2021

    Pays de Gex, Ain

     

    Je me balade souvent autour de chez moi à vélo ou à pied, et malgré cela, je me surprends après une vingtaine d’années dans le coin, à découvrir des lieux magnifiques à deux pas de la maison.

    Et quoi de mieux que le printemps pour profiter de l’éveil de la nature, de l’excitation de la faune et de la beauté des fleurs.

    Pervenche

     

     

    Une belle rivière coule aux portes du village, l’Allondon. Depuis sa source au-dessus d’Echenevex qui libère ses eaux dans un écrin de verdure somptueux, elle sillonne la plaine du pied du Jura pour traverser la frontière et terminer son chemin en Suisse, et affluer dans le Rhône.
    D’une longueur de 22km, son débit peut devenir important après les grandes périodes de pluie (jusqu’à 7m/sec.), mais se réduire drastiquement lors des sécheresses. Elle est issue d’une résurgence du Jura qui s’écoule depuis un aplomb rocheux garni de mousse verdoyante.

    Allondon

     

     

    Je me rappelle d’un jour, c’était en janvier, après quelques jours intenses d’une pluie battante, la fureur de la rivière a fait exploser son débit. L’eau débordait du petit muret au pied de la source dans une énergie impressionnante. Sachant qu’en temps normal, ce muret domine le cours d’eau d’au moins 1m50 à 2m.

    Allondon en crue

     

     

    La configuration du terrain à sa source, dans cette vallée encaissée, favorise la montée des eaux. Sachant qu’en temps normal, la rivière est toute discrète, douce et calme.

    Source de l'Allondon

     

     

    Entre le XIVème et le XIXème, l’Allondon qui est un cours d’eau assez aurifère, accueille de nombreux orpailleurs. Mais la plus importante exploitation de la rivière est faite par plusieurs moulins construits également dans cette même période. Parmi eux le moulin de Naz construit au XIVème le plus vieux moulin du site, qui fut converti en habitation au XVIIIème. On notera aussi le moulin de Crozet construit en 1831, utilisé principalement pour moudre des céréales et des noix pour en faire de l’huile. Il restera en activité pendant un siècle.

    Les moulins qui furent construits le long de la rivière, ont permis une grande diversité d’activité. Moudre le blé bien sûr, mais aussi forge, scierie, laminoir, marteaux, cylindre à papier. Ainsi, un véritable pôle d’activité s’est mis en place autour d’eux. Les ruines de certains d’entre eux sont encore visibles, le long du cours d’eau.

    Cette rivière me fascine, son histoire, sa beauté, sa riche biodiversité, sa source, sa simplicité, sa discrétion. J’ai donc décidé d’y passer plus de temps afin de m’y ressourcer.

    Ce matin c’est une balade solitaire, le long de la rivière pour m’imprégner de la tranquillité des lieux.
    Je pose mon vélo contre un arbre et je suis un petit sentier qui me conduit vers le cours d’eau. En chemin je m’attarde sur les arbres qui m’entourent pour écouter le champ des passereaux.

    Sérénité forestière

     

     

    Dans ce réveil printanier, tout ce petit monde est en effervescence pour un nouveau cycle. Le passage de l’hiver leur a donné une belle énergie pour concevoir un nid, trouver un ou une partenaire, procréer, et perpétuer l’espèce. Ainsi va la vie. Et là, sur une branche en plein sérénade, j’observe un joli pinson des arbres. Un peu plus loin, c'est un grimpereau qui s'agrippe à l'écorce d'un arbre. J’aime beaucoup apprendre à reconnaître leurs chants et leurs cris, c’est le principal et souvent le seul indice de leur présence. Certains sont redoutablement farouches et discrets. D’autres moins, à l’image de cette mésange charbonnière, curieuse et amusante.

    mésange charbonnière

     

    grimpereau

     

     

     

    Puis c’est un milan noir qui vient me survoler. Ce rapace devient très commun dans la région. Oiseau migrateur, qui est présent dans notre région dès la fin de l’hiver jusqu’à la fin de l’été. Il entame ensuite un long voyage jusqu’en Afrique du Sud. Plutôt grégaire, cet oiseau vie et vole volontiers en groupe, là où la nourriture est abondante. En l’occurrence, je les vois souvent voler autour d’une ferme dans le village, probablement une mine d’or pour s’alimenter. On peut même y apercevoir plusieurs nids.

    milan noir

     




    Je poursuis ma balade avec le sentiment que le temps s’est arrêté pour me laisser profiter de l’instant. Je chemine vers le torrent.
    Premier arrêt devant une petite cascade provoquée par les vestiges de l’aménagement du cours d’eau pour alimenter un canal permettant certainement d’utiliser sa force motrice.

    Allondon

     

     

    Je reste de longues minutes le regard figé sur le filé de l’eau avec des centaines de pensées. C’est cela que l’on appelle la tranquillité.

    Allondon

     

     

     

    Un sentier confidentiel suit la rivière. Il serpente au milieu d’une végétation parfois dense, parfois clairsemée, mais toujours riche en faune et flore. Je prends volontairement le temps d’apprécier les petits recoins de nature qui finissent par me révéler leurs merveilles. Florilège de couleurs, d’harmonie, de formes tout en douceur. Ici un populage des marais les pieds dans l’eau, par-là, une euphorbe et ses fleurs tout arrondies telles les caméras de la forêt.

    populage des marais

     

    parisette

    euphorbe

     

     

    Derrières ces petits trésors gorgés de chlorophylle, je trouve un petit bras du cours d’eau dans lequel baigne un vieux tronc recouvert de mousse. Je me pose à côté et imagine les milliers de petits organismes qui s’épanouissent, en symbiose dans ce milieu. Et tout cela dans un espace somme toute, assez restreint. Je prends une fois de plus conscience de la fragilité de ces biotopes.

    biotope

    tronc et mousse

     

     

    Je poursuis, le sentier qui m’amène devant une petite flaque qui est une aubaine pour la flore environnante. Derrière, de grands arbres recouverts de lierre, se reflètent dans l’eau. Tout y est en équilibre.

    reflet foestier

     

     

    J’ai déjà parcouru une bonne distance et me voilà devant un pont pour le moins rustique !
    Dois-je avoir confiance, ou vais-je augmenter rapidement et dangereusement ma proximité avec l’eau ?
    Deux poutres, ici depuis sûrement longtemps, font office de passage.

    pont de bois

     

     

     

    La perspective ne le montre peut-être pas mais la longueur des morceaux de bois doit bien faire 5 ou 6 mètres, et ils surplombent la rivière de deux mètres. Je n’ai pas trop droit à l’erreur, mais n’ai pas non plus beaucoup d’autres options. Je sonde comme je peux la résistance. On dirait qu’il ne va pas s’effondrer aujourd’hui. Je me lance…

    Sans m’attarder, plus qu’il ne le faut, je traverse d’un pas décidé. La souplesse de l’infrastructure me procure un petit pic d’adrénaline. Mais ce passage presque naturel m’a laissé passer, comme s’il m’acceptait dans son monde.

    Sur l’autre rive, je me laisse absorbé par le graphisme des acteurs. Un arbre, un recoin de tuf, témoignant d’une géologie très calcaire. Le mamelon recouvert de mousse laisse passer des petits filets d’eau qui construisent délicatement la sédimentation. Le végétal devient minéral.

    mousse et tuf

    arbre

     

     

    Puis, une ombre s’agite avec ardeur sur le tronc vertical d’un hêtre. Petit mammifère aux poils roux, fidèle habitant des forêts, un écureuil passe de branche en branche et grimpe sur le tronc de l’arbre avec un habileté époustouflante.

    écureuil

     

     

     

    Le décor change. Au début, boisé de feuillus, il traverse ensuite un passage plus dense de conifère complémentent recouvert de mousse, témoignant d’une forte humidité.
    La rivière, façonne la rive dans un ravin escarpé. Impossible de poursuivre. Je rejoins le pré qui surplombe le cours d’eau. A la lisière du bois, je déniche un parterre de pervenches. Leur feuillage vert recouvre une grande surface au-dessus de laquelle, de beaux pétales mauves sortent de l’obscurité.

    Pervenche

    Pervenche

     

     

    Je m’attarde de longues minutes à contempler ces perles florales, puis en sortant du bois, je découvre l’univers des papillons.

    Sur un parterre de cardamines, manifestement très mellifères, c’est un cortège de papillons qui vient butiner. Aurores, piérides et de paon du jour, investissent les fleurs pour déguster leur nectar.

    papillon - Aurore

     

     

     

    Le paon du jour devient de plus en plus rare. Je le vois, malheureusement, de moins en moins. Durant ma jeunesse, je n’ai pas pris le temps de l’apprécier lorsqu’il venait butiner en nombre, les fleurs de ma maison.

    La faute aux pesticides, aux insecticides, à l’agriculture intensive que je méprise et que je rejette. Encore une démonstration de ce que notre société détruit.
    Je suis triste de perdre ces êtres beaux et fragiles.

    Paon du jour

     

     

     

    Une autre espèce que je n’ai jamais tellement remarqué, c’est le bombyle. Petit insecte, rond avec une longue trompe rigide rappelant la lance d’un chevalier. Sa silhouette affiche une forme curieuse et disproportionnée, mais tellement amusante.

    Bombyle

     

     

    Le temps qui me semblait figé, n’a pourtant pas empêché l’heure de tourner et je dois laisser le pré qui m’a offert quelques belles observations ailées. Je quitte à regret ce petit paradis, pourtant si près de la civilisation, mais qui m’arrache à elle et me transporte dans un autre monde.

    Sur le chemin du retour, je croise encore quelques curieuses mésanges qui n’hésitent pas à me défier. De ce petit jeu, une petite complicité se dessine l’espace d’un instant.     

    mésange charbonnière

     

     

    Puis l’ivresse s’évapore, le rêve se dissipe, me voilà à l’orée du bois. Le sentier laisse place à la route, ma balade s’achève. Quel beau moment offert par le printemps.

     

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  • Une impression sibérienne dans le Jura


    23.01.2021

    Lajoux – Les Molunes, Jura.

     

    Pour le premier rendez-vous photographique majeur de l’année, je rejoins mon ami Sylvain avec qui nous avons gravi le Buet au prix d’une monté dantesque.

    J’ai découvert ce séjour photo sur sa chaîne YouTube, Mon Petit Reflex. Déjà séduit par le retour qu’il avait fait sur son séjour d’automne en Franche-Comté, alors quand j’ai regardé sa présentation sur la sortie un peu « roots » dans des conditions hivernales dans les vallons jurassiens, je me suis dit : « Là, je ne laisse pas passer, j’y vais ! »

    Les conditions sanitaires rendues difficiles par la pandémie provoquée par le virus du Covid, nous avons bien cru qu’allait s’envoler ce beau séjour.

    Mais grâce au génie de Sylvain et à de multiples plans B, l’événement a toutefois pu avoir lieu.

    Jura

     

     

    Nous avons donc rendez-vous dans le lieu-dit des Molunes, non loin du village de Lajoux, en plein cœur du Jura.
    Le décor : des vallons sauvages, quelques fermes jurassiennes de caractère, et la nature à l’état pur.

    En ce début d’année, notre société et nos habitudes sont toujours chamboulées en raison de la pandémie, ainsi un test est nécessaire pour chacun des participants afin de s’assurer que nous n’amenons pas dans nos sacs ce vilain virus. La situation reste tendue et je décide de ne les rejoindre que le samedi matin afin d’éviter une nuit en chambre commune.

    Le village des Molunes se trouve à 10 km de chez moi, à vol d’oiseau… Mais à vol d’oiseau seulement. Car pour m’y rendre il me faut traverser le jura par le col de la Faucille, redescendre sur l’autre versant et longer la Valserine jusqu’à Mijoux pour remonter sur Lajoux. Et enfin, emprunter une petite route pour rejoindre Les Molunes.

    Ce matin la neige s’est invitée dans l’aventure, parfait pour l’ambiance du séjour, moins intéressant pour s’y rendre. J’aime la montagne et j’y traine souvent mes chaussures. Pourtant je n’ai pas une voiture à toute épreuve pour affronter des conditions de route bien enneigée. Aussi je prévois un peu de marge, on ne sait jamais. Et l’idée n’est pas idiote. La route est bien blanche dès la sortie de Gex, mais la monté jusqu’au col de la Faucille se passe bien. La descente sur Mijoux est plus délicate. Le déneigement étant en cours. La monté sur Lajoux est encore plus difficile. Un chasse neige est en train de débarrasser la route d’un arbre qui a cédé sous le poids de la neige. Pourtant, j’arrive à repartir. A Lajoux je prends une petite route recouverte de 15 à 20cm de neige où des congères se forment. Mais ça passe !

    À 7h je suis sur le parking du gite comme prévu. Je rejoins le groupe et fait connaissance des autres membres.

    Le programme est alléchant. Une belle balade entre forêts et collines dans la poudreuse profonde. Petit imprévu dans la logistique, le petit bus de Laurent, le co-organisateur, pressenti pour véhiculer la troupe vers les différents spots, n’est pas vraiment équipé pour ce genre de route. Impossible d’installer des chaînes à neige. Par conséquent, plan B, on se répartit dans trois voitures, dont la mienne. C’est parti, le train suit notre guide et nous rejoignons notre première destination.
    Au parking, notre accompagnateur donne des explications sur le déroulement de la balade et l’utilisation des raquettes à neige, pour mes compagnons les moins familiers avec ce matériel.

    Et nous partons pour notre sortie. Les sapins sont recouverts de poudreuse. L’ambiance est magique.

    Jura

     

    Les raquettes s’enfoncent généreusement dans la poudreuse légère. Le bruit est étouffé par ce doux duvet. Ici une trace de lièvre s’enfuit sous les conifères. Dans la région nous sommes entourés d’épicéas, ce qui contraste beaucoup avec les contreforts lémaniques du Jura, où les sapins son presque majoritaires sur les épicéas.

    Nous évoluons en file indienne avec une discipline exemplaire. Etant souvent en tête du cortège, cela me permet de sortir l’appareil dès que l’occasion se présente afin de capturer toutes ces belles ambiances.

    Jura

     

     

    Sylvain et Laurent profitent de ces petites haltes pour nous distiller leur savoir et leurs techniques. Il y a toujours quelques trucs à apprendre.
    Le travail sur les lignes directrices, l’équilibre des plans au travers des lignes des tiers, la mise en valeur des sujets par les points de force de l’image, le jeu des contrastes, la maîtrise des lumières… tout un arsenal de critères qui nous assure une belle image.

    Jura

     

    En début de balade, les nuages se déchirent pour laisser paraitre le soleil. Mais la clémence de la météo ne sera que de courte durée. Peu de temps après la neige se met à tomber et plus nous nous approchons des crêtes, plus le vent s’installe et s’immisce dans nos moindres ouvertures. On est content dans ces moments d’avoir des vêtements techniques bien adaptés à la situation. Mon expérience de ce genre de condition m’aide beaucoup et je suis serein quand je m’aventure dans la tourmente.

    Ces régions austères et parfois inhospitalières nous offrent des ambiances extraordinaires. Et je dois dire que je préfère largement ce temps plutôt qu’un monotone ciel bleu sans âme.

    Jura

     

    Peu d’animaux nous font grâce de leur présence, cependant, de petits passereaux volent d’épicéas en épicéas. Notre guide nous indique qu’il s’agit de Bec-croisés des sapins ! Voilà bien longtemps que je n’en avais pas vu. Ce petit oiseau typique des forêts montagnardes de conifères, se distingue par son bec dont les mandibules se croisent. Elles sont spécialement adaptées pour décortiquer les cônes de sapin pour en extraire les graines dont ils se nourrissent. J’aime beaucoup ce petit oiseau en grande partie migrateur, dont les couleurs sont très vives et la bouille vraiment sympathique. Cela faisait longtemps que je voulais en revoir, mais l’occasion ne se représentait pas.

    Ici une femelle aux teintes brun verdâtre.

    Bec-croisé

     

    Les kilomètres se succèdent et quelques membres commencent à souffrir dans cet effort. Aussi Laurent propose de retourner au parking et rentrer au gite.
    Nous poursuivons notre balade, les paysages sont terribles, entre forêt et vallon. Un arbre majestueux dressé face aux éléments, reste stoïque sous la neige.

    arbre dans la neige

     

     

    Nous arrivons dans une forêt. Je ne m’étais jamais rendu compte à quel point en hiver, la neige recouvre les arbres jusqu’au plus profond des sous-bois. En effet, d’ordinaire, prendre des photos en pleins forêt n’a jamais beaucoup d’intérêt, car la lumière y est souvent faible ou trop contrastée. L’ambiance est souvent très sombre et il est difficile de ressortir ce que l’on ressent. Mais aujourd’hui même les plus petites branches sont recouvertes de neige, toute la végétation est comme saupoudré d’un beau duvet blanc.

    Forêt du Jura

     

    Un peu plus loin une forêt composée de grands épicéas, nous accueille. Nous allons pouvoir y pique-niquer. Mais avant d’y pénétrer et après qu’un de mes compagnons ait eu un bon œil, je remarque une entrée dans la forêt qui me donne l’impression d’un passage secret.

    Forêt du Jura

     

    On casse la croute au pied des grands conifères. On échange quelques anecdotes en rigolant bien. Pendant cette petite halte j’ai comme une impression d’être dans une quête dans un monde d’héroïque fantaisie.

    Nous nous baladons dans les vallons et les clairières, non loin d’une promenade que j’ai pu faire au printemps 2020, après que nous ayons pu ressortir suite au premier confinement. Nous avions dès lors pu monter sur le Crêt au Merle et en faire le tour par le col des Salettes. Un beau souvenir, mais cette fois tout est blanc, la neige efface tout repère. J’ai l’impression de reconnaitre un sentier, une lisière, mais en fait, je suis complètement perdu. Je crois reconnaitre un endroit mais je me trompe complétement ! Toutes les forêts se ressemblent, les clairières aussi, même les fermes. Seule une fameuse ligne à haute-tension produisant bourdonnement caractéristique que j’avais déjà remarqué au printemps, me laisse penser que je suis déjà passé par là !

    Forêt du Jura

     

    La neige se remet à tomber de plus belle, nous décidons de revenir vers le parking. En chemin, quelques haltes s’imposent pour capturer quelques belles ambiances généreusement enneigées.

    Forêt du Jura

    Forêt du Jura


     

    De retour au gite, nous voilà comblés par une belle journée pleine d’émotions et d’images merveilleuses. Le début de soirée est animé par Sylvain et Laurent qui nous montrent des exemples de post-traitement des photos et nous distillent leurs connaissances.

    La situation particulière nous contraint de prendre notre repas dans un salle spécifique pour notre groupe, avec un service minimum. Mais cela n’entame pas la bonne humeur du groupe, d’autant plus que chacun ayant pratiqué un test PCR qui nous apporte un peu plus de sérénité. Et la soirée s’étire, partage d’expérience, d’histoires de photographe, anecdotes amusantes, découverte de passions communes, on apprend à se connaitre et on passe une belle soirée.

    Mais le programme du lendemain est soutenu ce qui nous impose d’être raisonnable pour la soirée. Ainsi nous rejoignons nos dortoirs, où tout de même les discussions jouent les prolongations.

    5h00, le réveil sonne, la nuit ne fut pas si mal. Malgré les ronflements de certains, dont moi d’ailleurs !

    On prend vite fait un petit dej’ et ne trainons pas à rejoindre le point de rendez-vous. Ce matin ce sera la Dôle. La route est enneigée et nous ne pouvons pas partir avant 6h00 à cause du couvre-feu sanitaire, mais nous sommes motivés. Toutefois seuls quelques-uns d’entre nous participerons, les autres un peu effrayés par l’ampleur de la randonnée n’ont pas souhaité suivre, par peur de ralentir le groupe.  
    La Dôle, c’est un peu mon jardin. Maintes fois explorée. Coucher, lever de soleil, en rando ski l’hiver, spot de snowboard pour les vallons gorgés de poudreuse, ou en automne pour ses belles couleurs, bref je l’ai explorée sous toutes ses coutures. Je me réjouis de m’y balader avec cette équipe.

    Nous retrouvons notre guide sur le parking de la Greffière. Le ciel est complétement dégagé. L’ambiance est bien différente de celle de la veille. Frontale sur la tête, l’obscurité nous enveloppe encore, nous empruntons le petit sentier qui longe la piste de ski de fond de la Germine. Le chalet de la Greffière marque le passage en Suisse, et ouvre le panorama sur le plateau de la Vattay. L’aube s’installe petit à petit et l’horizon profite du bleu intense du ciel pour nous préparer l’heure de même couleur. Cette période tant appréciée des photographes, s’annonce grandiose.

    Jura

     

    Et le résultat ne nous déçoit pas.

    Nous traversons la pleine, passons non loin du chalet du Grand Sonnailley, Le jour se lève gentiment et les couleurs s’affirment. La bleuté dominante fait place à un dégradé rosé qui décore l’horizon.

    Jura

     

    Bonne ambiance pour ce début de balade, le petit groupe suit tranquillement la trace.

    Jura


     

    Mais il nous faut hâter le pas car le soleil s’approche rapidement de l’horizon et bien sûr nous voulons profiter de l’apparition de l’astre sur la chaîne du Mont Blanc.

    Finalement la Dôle étant trop loin pour l’horaire, nous atteignons un petit sommet sur la crête. C’est l’avantage de cette chaîne du Jura, car dès que nous arrivons sur la crête, les points de vue sont légion et on peut s’installer presque n’importe où pour profiter de la vue sur le bassin lémanique et les sommets des Alpes.

    Jura


     

    Notre spot est bien sympathique et offre une multitude de scènes photographiques.

    La vue sur la Dôle et les sculptures de la neige témoignant d’une activité ventée très présente, sont superbes

    La Dôle

     

    La chaîne du Mont-Blanc au téléobjectif offre parfois des scènes intéressantes. Ici le Mont-Dolent qui se met en évidence avec les volutes de neige soulevées par les bourrasques.

    Les Alpes

     

    Un peu plus tard notre coach, Sylvain, nous propose un cours sur le Focusd stacking. Un nom un peu barbare qui consiste à obtenir une netteté absolue dans une photo dont les éléments se succèdent de quelques centimètres à plusieurs dizaines voire centaines de mètres.

    Pour l’exercice, j’avais repéré une sculpture de la neige par le vent qui formait une belle ligne qui nous amenait vers un petit groupe de sapins.

    Jura

     

    Nous serions bien restés dans ce décor pendant des heures, mais les minutes s’écoulent et nous avons un timing à respecter. Nous redescendons de notre morceau de paradis, non sans profiter de quelques belles scènes.

    Jura

     

     

    Après avoir traversé le plateau des Sonnailley, nous traversons un petit ruisseau qui peine à s’afficher dans la rigueur de l’hiver. De beaux champignons de de neige, généreusement bombés sous un velouté de poudreuse.

    Jura

     

    La fin du chemin est au bout de la forêt, le soleil filtre à travers les sapins et nous accompagne jusqu’au voiture. On reprend la route et retrouvons le restant du groupe au gite où nous prenons un repas.

    Le programme de l’après-midi va nous emmener vers des cascades nichées au fond d’une vallée escarpée.
    Toujours beaucoup de neige dans ce petit village des Molunes. La route est toujours bien blanche, mais nous descendons de nos hauts vallons vers le village de Septmoncel, puis en direction de Saint Claude. Changement de décor, nous descendons à 430 mètres d’altitude puis prenons une route qui longe la rivière du Flumen. Nous abandonnons nos carrosses pour emprunter le chemin jusqu’aux chutes d’eau. Après une bonne balade qui nous laisse le temps de nous familiariser avec le torrent, le fougueux grondement des chutes d’eau nous indiquent que nous touchons au but.

    L’humidité devient plus présente et le chemin plus glissant. Deux cascades assez différentes mais aussi majestueuse l’une que l’autre se présentent devant nous. Je me dirige vers la cascade de droite, plus délicate mieux intégrée dans sa falaise. Un long saut vient projeter l’eau qui se pulvérise dans des embruns qui vont nous obliger à gérer avec agacement, les gouttelettes d’eau sur l’objectif. Mais le résultat me plait beaucoup. Nous plongeons dans l’image, avec des rochers recouverts de mousse verte très lumineuse, au premier plan, entre lesquels serpente le torrent. Au pied du mur de la falaise, la gouille d’eau est le réceptacle d’une chute de 10 ou 15 mètres dont je capture la douceur dans une pose longue.

    cascade du Flumen

     

    Après avoir bien rincé mon matériel, et moi-même, je reviens un peu sur mes pas pour immortaliser la première cascade. Elle m’avait moins séduite lors de notre arrivée sur le site. Je n’avais pas réussi à trouver une composition qui me plaise. Mais au final, un arbre sur l’autre rive, attire mon attention. Son look un peu survivant apocalyptique d’un âge reculé, répond bien à la puissance de la cascade un peu en arrière-plan, le tout souligné par le torrent qui revient à l’avant-plan dans une déclinaison de couleur allant du vert, au turquoise et jaune-beige.

    cascade du Flumen

     

    Nos coachs profitent de l’occasion pour partager leur savoir en matière de pose longue, à ceux dont la technique n’est pas familière. La présence de rivière ou plan d’eau procure toujours une sensation d’apaisement, même si pour nous, le froid et l’humidité estompe un peu notre plaisir.

    Après cette bonne session, nous regagnons nos voitures et remontons dans la neige. De retour au gite, on se réunit tous autour de nos animateurs qui nous donnent un cours de retouche photo sur les poses longues et l’intérêt d’assembler différentes parties de la scène capturées avec des vitesses variées, ce qui donne des effets plus ou moins « filés » sur l’eau.

    Après cela, petite restauration et une soirée qui s’étire dans le rire et les histoires de photographe.
    La météo s’annonce des plus neigeuses pour le lendemain. Aussi, il est prévu de faire une bonne balade en raquette autour du gite.

    Et en effet au petit matin, une quantité impressionnante de neige a recouvert la surface. Cela promet de belles images de forêts enneigées.
    Nous préparons le matériel, les habits, un bon petit dèj’, et c’est parti pour une rando sous les flocons. Notre guide nous emmène dans la pente derrière le gite. On brasse dans la profondeur de la couche fraiche.

    Forêt du Jura

     

    La neige s’invite sous la forme de belles averses, mais n’entrave en rien notre motivation. J’apprécie la qualité de mon matériel qui résiste sans broncher aux assauts humides de la météo, et donc il reste à mon épaule, prêt à dégainer.

    Forêt du Jura

     

     

    Le décor est sublime, l’ambiance hivernale, suprême. Les arbres souffrent sous la masse de neige, nombreux sont ceux qui y laisseront des branches. Mais pour l’instant les images sont magiques.

    J’aime également m’attarder sur des éléments isolés. Un sapin reste à l’écart, l’idéal pour un cliché minimaliste.

    Sapin dans la neige


     

    Comme cette silhouette, courageuse, sur la colline blanche, en marge du mur de conifère.

    Sapin dans la neige

     

    La neige et le vent ont repris de plus belle. La balade se passe bien et voilà un bout de temps que l’on marche. Nous passons devant une ferme qui résiste aux intempéries. En la regardant, je prends pleinement conscience de la rigueur de la région.

    Ferme jurassienne

     

    En traversant la route, nous croisons une autre ferme jurassienne typique de la région. Ces bâtisses sont protégées sur leur façade exposée aux vents dominants par des tavaillons ou plus récemment par des taules. Cela leur offrait une meilleure isolation. On note encore une fois la rigueur de la région, qui forge le caractère de ces habitants.

    Ferme jurassienne

     

    Nous poursuivons sur la crête, en imprimant notre passage au rythme de nos raquettes. Le vent devient plus soutenu, et nous décidons de terminer notre sortie. Encore quelque valons et nous voilà revenus au point de départ.

    Ainsi s’achève notre belle aventure malgré une situation sanitaire compliquée en raison de l’épidémie de Covid. Une organisation menée de main de maitre par Sylvain et Laurent que je remercie encore.

     

    Pour prolonger la balade, je vous recommande la vidéo de Sylvain, sur la chaîne de Mon Petit Reflex :

     

     

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  • Plumes et couleurs de l’Atlantique, l’île d’Oléron

    23 Octobre 2020

    Île d’Oléron, France



    Le littoral Atlantique, terre sauvage, balcon du continent, lieu de vie pour nombre d’oiseaux.
    Dans notre quête de tranquillité, elle était une île que nous n’avions pas encore visitée. L’automne, une période idéale pour dénicher de belles lumières et observer la faune.

    Oléron

     

      

    Après l’île de Ré, Noirmoutier et les îles bretonnes, nous sommes en route pour un morceau de terre au bord des côtes charentaises.
    Remontons un peu les siècles pour explorer son histoire…

    Au cours de la préhistoire, il semble que l’île lumineuse fit partie du continent. La présence de silex taillés sur le territoire affirme le peuplement de l’île d’Oléron au début de la période quaternaire. À cette époque, Oléron était encore recouverte de forêts habitées par des animaux sauvages comme les daims et les sangliers.
    Jusqu’au Moyen-âge, il n’y a que peu d’éléments qui retracent l’histoire de l’île. De 910 à 1039, successivement, le territoire fut la propriété de 3 seigneurs souverains
    Dominée par la France puis l’Angleterre jusqu’au milieu du XVe siècle, l’île d’Oléron connut après ces mouvements une période de paix. Mais cette quiétude disparut quelques années plus tard suite à la Révolte de la gabelle. La gabelle est un impôt important que François 1er roi de France imposa aux producteurs de sel.
    S’enchaînent ensuite les guerres de religions (1548 – 1628). Aucune église ne fut épargnée sur l’île, la lutte entre protestants et catholiques fut sanglante et dévastatrice. C’est en 1628 que l’île d’Oléron retrouva sa sérénité, Richelieu s’empara de La Rochelle ce qui mit fin à ces combats incessants. Sur ces entrefaites, il ordonna la construction d’une citadelle en 1630 au Château-d’Oléron.
    En 1685, le traitement tyrannique des protestants pousse de nombreuses personnes à choisir l’exil en Angleterre ou en Hollande. Avec la révolution, la citadelle se transforme en une prison d’État détenant des révolutionnaires et des prêtres réfractaires.
    Lors de la Révolution de 1793, les villages de l’île d’Oléron sont rebaptisés.
    La vie reprend. La culture de la vigne se développe ainsi que l’ostréiculture. En 1837, une route voit le jour, elle relie Le Château-d’Oléron à Chassiron. En 1855, deux liaisons maritimes s’établissent par un vapeur depuis Le Château-d’Oléron vers le Chapus et de Boyardville vers La Rochelle. Une voie ferrée prend place en 1904 non loin de Saint-Denis d’Oléron. Oléron renaît de ses cendres.
    Dès 1940, l’île d’Oléron fut dominée par l’Allemagne, et ce jusqu’en 1945. Pour les Allemands, il s’agit d’un endroit stratégique comme en témoigne les ouvrages défensifs. Le territoire fut libéré dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1945 après le débarquement des troupes françaises.

    Oléron, une île lumineuse.
    Dans les années 1960, avec l’essor des vacances à la mer, le transport par bateau des touristes ne suffit plus. C’est la raison pour laquelle le Conseil Général de la Charente-Maritime décida de faire construire un pont entre 1964 et 1966.
    Pour les insulaires, il semble que « ce petit bout de terre ne fut plus vraiment une île ». À l’époque, l’ouvrage fut une prouesse technique.
    L’île d’Oléron est aujourd’hui nommé l'île lumineuse du fait qu’elle bénéficie d’un fort ensoleillement tout au long de l’année.

    Sunset Oléron

     

     

    IØ, symbole identitaire de l’île, copieusement usité par le marcketing touristique, entretient le mythe. On le voit à toutes les sauces, tee-shirt, plaque d’immatriculation, mug, affiche, drapeau… mais d’où vient-il vraiment. Peu d’articles en parlent, mais il semblerait que ce sigle vienne de l’immatriculation des bateaux de pêche d’antan. Le O aurait été barré pour ne pas le confondre avec le zéro, ce qui je dois l’avoué, est plutôt déroutant, car en informatique, les zéros sont justement barrés pour ne pas être confondus avec des O. Ah, logique… quand tu nous tiens !

    Mais trêve de bavardage, reprenons le chemin de la nature.
    Une des raisons de notre venue dans cette contrée, était de pouvoir admirer limicoles, échassiers, canards et autres passereaux, brefs la faunes aviaire, représentée en masse comme bien souvent dans ces régions.

    Tournepierre à collier

     

     

    Tournepierre à colier, bécesseau sanderling, gravelot à colier interrompu, huitrier-pie… un cortège d’espèces toutes plus agréables les unes que les autres pour nos yeux et nos objectifs photo.

    Tournepierre à collier

    Bécasseau Sanderling

    Pluvier argenté

    Bécasseau Sanderling

    Pluvier argenté

     

     

    tantôt courant sur le sable mouillé, à chercher le moindre ver qui finira dans son estomac, tantôt composant un nuage d’individus se mêlant au scintillement des flots. Les oiseaux nous ont offert une déferlante de belles images.

    Tournepierre à collier

    Tournepierre à collier

    Bécasseau Sanderling

     

     

    L’île d’Oléron est un lieu ostréicole, mais il compte aussi, à l’instar de ses voisines, un nombre important de marais salant

    marais salant

    bateau

     

     

    Embarquons pour une balade sur les flots. Depuis la mer, la côte prend un tout autre visage. C’est aussi l’occasion de voguer vers la petite île d’Aix, et de tourner autour du Fort Boyard, célèbre pour avoir vu défiler nombre de sportifs dans la célèbre émission éponyme. Mais avant sa popularité télévisuelle, c’est avant cela une fortification imaginée au XVIIème siècle, concrétisée deux siècles plus tard. Édifié pour protéger la rade et l’embouchure de la Charente ainsi que l’arsenal de Rochefort, des assauts de la marine anglaise, il est transformé en prison puis traverse une longue période d’abandon avant de reprendre vie grâce aux courses de passe-partout, au sulfureux regard de Félindra et aux énigmes insupportables du père Fouras…

    Fort Boyard

     

     

    Durant cette semaine les ambiances furent variées et dramatiquement belles. Les promenades en bord de côte ne manquaient pas et c’est au cours d’une soirée servie par un joli coup de vent et un ciel bien chargé comme je les adore, qu’on s’est offert une balade dans les embruns et au son des vagues.

    océan agité

     

     

    Mais chaque soir était propice à sortir l’appareil. Même si les sentiers n’offraient pas de relief à faire trembler les falaises bretonnes, les plages savaient accueillir les flots dont l’écume venait embrasser les rochers disposés ça et là. Le ciel aux teintes pastelles et irréelles apportait la touche finale à ce tableau digne d’une peinture.

    Sunset Oléron

    Sunset Oléron

    Sunset Oléron

    Sunset Oléron

     

     

    Non loin de là, nous avons découvert un petit parc animalier. D’ordinaire, peu attiré par ces lieux où j’ai de la peine à croire que les animaux tenus plus ou moins en captivité, s’épanouissent totalement. Pourtant, je me laisse prendre jeu, et je m’autorise une série de portraits.

    Pélican

    Fou à pied bleu

    Paon

    Chouette

    anémone de mer

     

     

    Grâce à la tranquillité automnale, nous avons une fois de plus, passé une semaine de détente, à nous ressourcer dans un lieu calme, bercé par l’immuabilité de l’océan.

    Sunset Oléron

     

     

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