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Dans les marais de Camargue
Dans les marais de Camargue
1er juin 2019
Les Saintes-Maries-de-la-Mer
Voilà une région de France que je n’avais encore jamais eu l’occasion de visiter. Quelques documentaires, des images de la région et de son potentiel en matière de faune sauvage, ont attisé mon intérêt.
Au programme, j’avais rêvé longtemps d’observer des flamants roses dans leur habitat sauvage. Entre marais et littoral, je savais cet endroit riche en oiseaux, et donc de belles observations en perspective.
En route vers le sud. Une halte à Arles nous permet de visiter son centre historique, son arène et son amphithéâtre.
Nous quittons l’ambiance de la ville méditerranéenne pour nous enfoncer peu à peu dans un paysage de marécage, de rizière et d’étang, pas de doute, la Camargue nous accueille.
Le delta du Rhône a créé ici des zones humides et des marais représentant le paradis pour de nombreuses espèces d’oiseaux et d’animaux,
A peine pris possession du logement, mon fils et moi, armés de notre matériel, partons en quête de la faune locale.
Une mouette cherchant de quoi manger nous sert de modèle.
Le lendemain, nous visitons les Saintes-Maries-de-la-Mer. Une jolie petite ville en bord de mer riche d’un patrimoine historique et humain. Terre d’accueil et de pèlerinage. Le nom du bourg serait lié au destin de trois religieuses fuyant la Palestine à bord d’une embarcation rudimentaire et y trouvant refuge.
Un clocher roman dans le centre historique nous donne un aperçu panoramique de la ville, grâce à son toit visitable.
Les Saintes-Maries, ce sont aussi des baies et des grandes plages, particulièrement agréables aux lumières du soir, au soleil couchant.
Voilà deux jours que nous découvrons la Camargue mais nous n’avons encore pas vu de flamant rose. Cet oiseau emblématique est le seul représentant de la famille, présent en Europe. Il ne peut pas être confondu avec un autre oiseau. Sa robe et sa grâce n’ont pas d’égaux.
Les flamants très présents dans la zone, ont délaisser la région dans les années 60-70 à cause de l’artificialisation des bords du delta et la construction de digues. Mais l’aménagent de zone de nidification a fait revenir l’espèce qui colonisa petit à petit d’autres zones. Le travail remarquable de certaines associations de défense de la nature, ont fortement amélioré sa présence.
Le flamant se reproduit au printemps entre avril et mai. La femelle pond un seul œuf. Lorsque le poussin en sort, il restera seul le temps que sa mère trouve de quoi le nourrir. Comme pour les manchots, la mère retrouve son petit à son cri unique. La colonie peut compter durant l’été, jusqu’à 55’000 individus. En automne, une partie migrera vers des pays plus chaud, en traversant la Méditerranée.
Le flamant rose tire sa couleur de son alimentation, composée de petites crevettes (artémia salina) et d’algues roses. Il ne produit pas lui-même les pigments responsables de sa couleur. Ainsi lorsqu’il est élevé en captivité, selon son alimentation, il devient gris.
Son bec à la forme particulière est une vraie passoire à nourriture, il s’en sert adroitement pour filtrer ces crevettes qu’il trouve dans la vase.
Les vols assez réguliers des flamants sont assez impressionnants.Tel un escadron, ils nous survolent de leur grande envergure. Mais c’est surtout leur cri qui nous averti du passage. On peut dire que ce n’est pas l’oiseau qui possède le cri le plus mélodieux et charmant. Un espèce de cri rauque et haché indique leur passage. A la lumière du couchant, sa robe est encore plus élégante.
Notre appartement n’était pas loin des étangs. Il disposait d’une jolie terrasse où les chaises longues invitaient sournoisement au farniente. Un après-midi, une belle libellule nous a gratifié dune petite visite surprise qui ne m’a pas laissé indifférent.
En bordure de propriété, il y avait quelque prés où des chevaux ont dû pâturer. Mais L’herbe venant à manquer, les seules visiteurs qui s’y trouvaient étaient de magnifiques huppes fasciées. Je n’ai jamais eu l’occasion d’admirer la grâce de ce bel oiseau aux couleurs contrastées et à cette huppe si singulière qu’elles ne m’ont malheureusement pas dévoilée lors des prises de photo. Mais qu’importe, le plaisir de les regarder était entier.
La Camargue est réputée pour ses taureaux que je n’ai pu photographier, mais qui sont un des emblèmes de la région. Élevés de manière semi-sauvage, plutôt de petite taille, robe noire, c’est un très bel animal. Voisin des champs où vivent les bovidés, on peut remarquer d’importantes zones irriguées. Nous entrons dans les rizières.
La maison du riz (www.maisonduriz.com), une entreprise familiale, nous dispense un bel historique sur la culture de cette céréale et vend ses produits.
Juste derrière l’exploitation, nous remarquons un arbre qui accueille dans un balais aérien, des oiseaux au vol qui pourrait s’apparenter à celui de l’hirondelle. Ce sont des guêpiers d’Europe. Un oiseau aux couleurs somptueuses qui une fois de plus, fait partie des espèces que j’observais pour la première fois.
Leur va et vient régulier traçait dans le ciel des trajectoires prévisibles qui après quelques observations, permettait de capturer quelques clichés sympathiques, malgré leur rapidité.
Puis nous poursuivons la visite sur les chemins bordant les rizières. Sur les plus retirés, aperçus souvent en roulant en voiture, nous avons pu observer des ibis falcinelle qui se détachaient bien sur les plans d’eau avec leur couleur noire. Mais à ma plus grande surprise, c’est en arrivant au bout d’un de ces chemins, jouxtant un petit canal bétonné que mon regard est attiré par un animal qui se terre au coin de la paroi lisse, manifestement pris au piège. Un renardeau tétanisé et privé de toute issue, me regardait tristement. Je pose mon matériel, appelle mes enfants et saute dans la canalisation. J’avance doucement vers la pauvre bête qui désespérément, effectue une tentative d’escalade de la paroi. Je le prend délicatement et le libère de sa prison grise.
Il n’a pas demandé son reste, en filant le long de la rizière. J’espère toujours qu’il a pu retrouver sa famille sans se faire rejeter par sa mère à cause de mon intervention et mon odeur.
La Camargue est incontestablement un lieu riche pour la faune et certains ont compris très vite l’intérêt de protéger tout en montrant au public les beautés qui vivent ici.
C’est notamment l’histoire qu’a écrit la famille Lamouroux. Dès 1949, André, un camarguais passionné de nature crée un parc zoologique. Il est repris par son fils René en 1974 qui le transforme en l’agrandissant et en recréant des biotopes pour chaque espèces. Une résolution qui ramène un peu plus l’endroit vers la nature. C’est ainsi que sont aménagés des îlots et des sentiers, ainsi que de nombreux panneaux thématiques présentant toutes ces merveilles aux publiques.
Dans les années soixante-dix est créé un centre de soins pour accueillir les oiseaux blessés. Aujourd’hui, c’est presque 600 spécimens par années qui sont pris en charge.
Le parc s’étend désormais sur 60 hectares et 7 km de sentiers permettent d’en apprécier sa richesse.
Certes, nous restons dans un parc aménagé qui plus est très fréquenté, mais il est toujours agréable de pouvoir admirer ses occupants qui s’y trouvent aucunement contraint.
C’est ainsi que nous débutons notre visite en admirant une quantité impressionnante d’oiseaux. Hérons cendrés, flamants roses, aigrettes garzette, hérons garde-boeuf, échasses blanche, mais aussi cigognes, tadornes de Belon, guêpiers, spatules et des ragondins plus à l’aise dans l’eau avec le nez digne d’un périscope qui leur donne un air amusant. Beaucoup de ces oiseaux disposent de nichoirs, naturels ou aménagés.
Flamants roses en désaccord !
Ragondin
Cigogne
Héron garde-bœufs
Héron garde-bœufs
Aigrette garzette
Échasse blanche
Spatule blanche
Au détour d’un chemin nous observons aussi les chevaux camarguais, tout de blanc vêtus.
Un très beau parc qui s’il inhibe un peu le côté nature sauvage, n’enlève en rien à la beauté de ses habitants et au spectacle qu’ils nous offrent.
Cette virée en Camargue est une belle surprise. Il nous a été offert de belles et inattendues observations. Une découverte qui nous tend les bras pour y revenir.
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