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Les plateaux du Carlaveyron
9 Août 2020
Les Houches / Chamonix
2020 a été marquée par une crise sanitaire qui a chamboulé nos habitudes. Des contraintes ont modifié nos vies. Nos passions loin des foules ont subi le même sort et nous avons attendu que l’ambiance se détende pour planifier à nouveau quelques sorties apaisantes et tant appréciées.
Après quelques randonnées dans le Jura et la Haute-Savoie, je décide de faire un bivouac dans la région de Chamonix. Mon fils ayant dû freiner ses ardeurs d’ascension fougueuse pour cause de souci au genou, il me fallait trouver un itinéraire raisonnable pour lui et pour mon dos qui allait s’accommoder du surplus de charge.
Donc l’objectif de cette sortie est d’aller bivouaquer sur les hauts plateaux de la réserve naturelle du Carlaveyron en empruntant le téléphérique du Brévent. Dans l’idée de fuir les masses, le téléphérique était la seule étape qui nous rapprochait de la société dans laquelle le port d’un masque en papier devenait une normalité.
Une fois en haut, notre balade peut débuter. Comme à chaque bivouac avec mon fils, je suis toujours excité. Partager avec lui ce moment unique en montagne est une immense bouffée de plaisir.
Contrairement à l’accoutumée, notre chemin tout en descente quitte le sommet du Brévent à 2525m pour rejoindre les plateaux herbeux à 2200m.
Nous quittons donc l’ambiance très minérale par un petit sentier qui ne ménage pas nos genoux et notre dos encore engourdis. Mais le panorama est parfait, sur l’aiguille du midi, le Mont Blanc, la réserve du Carlaveyron, l’aiguillette des Houches, le lac du Brévent, plus loin, les Rochers de Fiz, le col d’Anterne et celui qui nous guette du coin de l’œil, le Buet qui m’a aussi offert un bivouac mémorable.
Le chemin serpente dans des blocs de granite, et il nous faut anticiper chaque pas, le poids du sac ne pardonne aucune approximation. Un peu plus bas, alors que nous progressons entre quelques falaises, mon fils qui avait pris un peu d’avance, me montre quelque chose mais je ne comprends pas son signe. J’entends « L’oiseau… là, derrière le rocher… » Je ne vois rien. Mais soudain j’aperçois une boule de plume qui s’approche bien de moi et me laisse le temps de bien regarder ses belles couleurs rouge, noir, blanche grise. Son long bec et l’effet d’éventail lorsque ces elles sont déployées. Là, plus de doute, c’est un tichodrome échelette. Mon appareil photo bien évidemment au fond du sac, seul le plaisir des yeux conserva ce souvenir. Mon fils lui, avait déjà dégainé la quincaillerie, mais pas assez vite pour ce petit oiseau trop dynamique. Même en allant l’espionner derrière le rocher où il avait disparu, il n’a pu retrouver sa trace, mais en revanche, il put apercevoir discrètement un chamois qui s’abritait de la chaleur.
Nous reprenons notre balade. Le chemin arrive vers un petit promontoire et tourne un peu à gauche. En faisant une petite halte, nous voyons au loin plusieurs oiseaux planner majestueusement. Grande envergure, déplacement en groupe, nous pensons tout de suite à des vautours. Quelques secondes plus tard, la supposition est confirmée. Nos habituels planeurs des montagnes sont fidèles au rendez-vous, ils nous survolent même assez près, comme pour nous dire bonjour. Cette fois, j’ai pu capturer le passage.
photo : Martin Jeanmonod
Le Brévent est un site très prisé pour le parapente. J’aurais pensé que cette activité représenterait un dérangement certain pour la faune, mais chose amusante avec ces oiseaux, c’est presque le contraire, j’ai pu les observer durant tout le week-end et ils n’hésitaient pas à voler en compagnie des parapentistes !
Nous arrivons en vue du refuge de Bellachat et pénétrons dans la réserve naturelle. Le paysage change radicalement, les blocs de granite font place à des plateaux herbeux et marécageux, parsemés de rochers recouverts partiellement de mousse et de lichens.
Les hauts plateaux de la réserve possèdent un biotope magnifique. Tourbières, gouilles, marais, un paysage apaisant et plein de verdure. Il parait que l’on peut y apercevoir des droseras, mais je n’en ai pas vu, peut-être pas la bonne période ou le bon endroit.
Les gouilles recueillent les eaux des ruisselets environnent en nous offrant de splendides reflets sur la chaîne du Mont Blanc. Ce sont aussi un repère pour de magnifiques libellules, des Aeschne bleues.
J’ai lu que nous pouvions rencontrer des Cordulie des Alpes, une autre libellule typique des zones humides alpines. Mais à l’instar des droseras, je n’ai pas eu la joie d’en admirer.
En revanche, nous avons trouvé d’autres espèces végétales présentes dans ces zones humides, le rubanier à feuilles étroites, ainsi que d’autres fleurs telles que ces silènes des rochers ou les petites astrances, qui viennent embellir les abords des gouilles et font le bonheur de ma composition.
photo : Martin Jeanmonod
L’après-midi s’installe tranquillement. Je suis étendu sur le gazon alpin et profite de l’instant présent. Je laisse mon regard se balader sur les montagnes, divaguer entre les nuages. J’ai beau avoir souvent l’occasion d’apprécier les sommets des Alpes du Nord, je suis toujours émerveillé comme au premier jour quand je regarde la chaîne du Mont Blanc.
Mais, mon fils en état d’alerte, me sort de ma léthargie. « Regarde les vautours là-bas… ils plongent, il doit y avoir une charogne ! » Et en effet, nos charognards qui d’habitude, effectuent de grandes traversées en planant et en esquissant à peine un battement d’ailes, se sont mis en piqué pour arriver au plus vite sur le lieu de ravitaillement.
Ni une, ni deux, mon fils armé de son téléobjectif est déjà dans les starting-blocks. N’ayant pas encore monté la tente, je ne veux ni abandonner mon sac pour aller observer les vautours, ni me coltiner ses 23 kg jusque là-bas. Aussi je décide de monter la tente rapidement, lui m’abandonne sans vergogne pour rejoindre le lieu de la curée.
photo : Martin Jeanmonod
Evidemment, je le rejoins un peu tard. Trop, en tout cas pour observer un autre individu qui est venu s’inviter au festin. Un Gypaète barbu. Il venait voir si la carcasse était déjà bien décharnée afin dans prélever les os dont il se nourrit principalement.
Je l’ai observé et immortalisé lorsqu’il s’éloignait. Mais mon fils de retour avec un sourire qui en disait long a réussi à le photographier d’assez près. Je le jalouse un peu mais suis tellement content pour lui. Je vous laisse apprécier les images de Martin.
photo : Martin Jeanmonod
photo : Martin Jeanmonod
Il me décrit la scène des vautours avec précision. Leur façon de se nourrir, leur posture. Ces géants des airs qui s’intimidaient, ailes écartées. Tous s’affairaient autour d’un cadavre de mouton prédaté par des loups. Notre cher canidé ne va pas s’attirer les bonnes grâces des bergers, mais en tout cas par son action il a su nous offrir un beau spectacle.
photo : Martin Jeanmonod
En revenant vers la tente, c’est encore un autre charognard qui manifeste son intérêt. Le grand corbeau et son bec puissant, qui se tient, pas loin, sur un promontoire pour juger la situation.
L’après-midi s’étire, le soleil s’adoucit pour peu à peu arroser les montagnes de lumières agréables. Nous décidons de nous rendre vers une petite gouille, face aux aiguilles voisines du Mont Blanc.
La composition est sympathique, mais à mon grand désespoir, les jolis cirrus de l’après-midi ont disparu et le ciel manque de texture. Qu’importe le panorama à lui tout seul garantit des images tout de même sympathiques.
Un joli rocher plongeant dans la gouille, bordé de quelques brins d’herbes. Un reflet splendide des montagnes, ça me plait.
Les montagnes sont spectaculaires. De glace et de granite, elles imposent leur impassible présence.
Le plateau où nous nous trouvons est relativement désert, une tente un peu en contre-bas. Quelques-unes au loin, à proximité du refuge de Bellachat. Lors d’un bivouac, on apprécie cette tranquillité, la solitude de l’ambiance sauvage.
Les couleurs s’embellissent de minute en minute. Deux personnes nous rejoignent, je remarque très vite leur matériel – qui ressemble au notre – qui trahit leur but, nous engageons la conversation et faisons connaissance. Ils viennent pour le même objectif que nous, capturer de belles images au moment où les lumières sont au rendez-vous. C’est toujours agréable de partager ces moments avec d’autres photographes, vibrer pour les mêmes raisons, pour la même passion. Pour la petite histoire, le photographe qui nous a rejoint fait partie d’un collectif qui organise de séjours et des workshops. Je ne le connaissais pas, mais connaissais ses collègues. Il organisait un séjour photo de paysage montagne.
Ce fut une bien belle surprise que de le rencontrer.La nuit s’installe gentiment, nous prenons congé de nos camarades en nous donnant rendez-vous le lendemain pour le lever de soleil.
De retour à la tente, mon fiston ne demande pas son reste et rejoint ardemment son sac de couchage.
Pour ma part, je ne peux me résoudre à terminer la soirée sans profiter de ce beau ciel étoilé. La pollution lumineuse reste acceptable malgré la vallée de Chamonix malheureusement bien éclairée. Petit à petit mes yeux s’habituent à l’obscurité, le Mont Blanc est majestueux et dévoile une magnifique voie lactée qui le chapote. Je m’imprègne de ce moment privilégié. J’ai l’impression d’être ailleurs, de me noyer dans l’immensité de l’univers, de flotter dans les cieux.
Je capture cette belle voie lactée qui surgit du Mont Blanc telle une autoroute astronomique.Cerise sur le gâteau, nous sommes dans la période de Perséides, quelques beaux événements se déroulent justement dans cette période et cela me pousse à prolonger la veillée. Et le ciel me le rend bien car c’est un spectacle céleste qui se joue devant mes yeux, de belles étoiles filantes lacèrent le ciel à intervalle répété.
Une soirée qui s’achève dans l’harmonie, je m’installe dans mon sac pour un réveil matinal.
Le réveil sonne, il est 4h30. Une heure impensable pour certain, mais parfaite pour moi. J’ouvre la tente, le ciel est clair et bien étoilé. Mon fils se réveille aussi, motivé à capturer ce lever de soleil.
Quelques minutes plus tard, nous sommes prêts pour rejoindre le spot. Les montagnes sont belles, elles vont nous offrir un beau moment, c’est évident.
Notre petite gouille nous révèle un reflet magistral sur les montagnes du Mont Blanc. Les étoiles scintillent encore pour une poignée de minutes. Elles meublent parfaitement un ciel malheureusement trop dégagé.
L’aube s’installe et avec elle des lumières insolites illuminent le ciel qui découpent les cimes.
Entre temps nos amis de la veille nous ont rejoint et on partage des impressions et des anecdotes.
Puis l’astre tant attendu caresse les plus hauts sommets pour notre plus grand bonheur.Puis les étendues vertes et les montagnes aux alentours, sont également baignées par la douce chaleur naissante. C’est un moment de sérénité qui nous plonge dans le calme, et on en profite !
Mais l’heure tourne et nous saluons nos amis et regagnons notre tente.
Arrivé vers la tente un troupeau de mouton se dirige droit vers nous avec évidemment leur lieutenant de sécurité qui ne m’inspire pas forcément confiance. On décide de les laisser passer en attendant dans la tente. Un moment plus tard, les cloches s’éloignent. Et nous pouvons enfin faire chauffer l’eau du thé ! La cohabitation peut se révéler parfois délicate avec le pastoralisme, mais voilà, il faut faire avec. Malgré tout le respect que j’ai pour cette activité, je comprends assez la difficulté qu’ils ont pour tolérer les grands prédateurs. Heureusement, certains comprennent les enjeux et acceptent de partager la montagne et la nature.
La matinée se consume, nous plions la tente et prenons la direction du refuge de Bellachat. Un joli petit chalet accroché à la pente, face au Mont Blanc. Bien placé, il est fort probable qu’on y revienne pour profiter d’un séjour en montagne sans les kilos du bivouac.
La journée est belle, et nos têtes sont déjà remplies de belles images.
En remontant, nous décidons de prendre un chemin un peu écarté de l’itinéraire principal. Moins fréquenté, plus propice aux rencontres de la faune sauvage, nous espérons encore revoir cette petite flèche rouge, gris-noir, notre tichodrome. Aperçu la veille, mon fils connait parfaitement ses mœurs et son habitat. Et en effet, nous apercevrons le bel oiseau de manière furtive.
En continuant notre balade, nous voyons quelques marmottes et leur marmottons, se promener dans les enrochements.
En regardant autour de nous, quelques passereaux nous suivent. Peu farouche, et jouant sur les arrêtes de granites, des rougequeues noirs nous donnent encore une belle excuse pour sortir les téléobjectifs et capturer ces visiteurs.
D’un gabarit bien plus imposant, ce sont d’autres occupants des airs qui viennent planner.
Les vautours fauves réalisent de grandes trajectoires linéaires, et nous remplissons encore nos cartes mémoires. Ils nous accompagneront presque jusqu’au terme de notre balade.
La télécabine du Brévent est à quelques lacets. On regarde derrière nous pour contempler une dernière fois ce magnifique haut-plateau du Carlaveyron. Il nous a dévoilé son grand potentiel tant en termes de paysage que les merveilles de la faune et la flore.
Je vous propose une balade animée du séjour.
Une fois n’est pas coutume, nous jurons d’y revenir. Ce fut une découverte fantastique. La nature nous a encore comblé.
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Sales, son vallon et ses cascades
23 juillet 2020
Haute-Savoie, France.
Il était une fois… un vallon préservé, au cœur des montagnes haut-savoyardes. De part et d’autre, des falaises abruptes, une ambiance très minérale et en son milieu, un torrent qui donnait naissance à une profusion de cascades.
Aujourd’hui, je vous emmène découvrir ce petit théâtre de la nature.
Après avoir longé un bras de la rivière de mon enfance, le Giffre, nous montons rejoindre le point de départ de notre sortie. Une balade que l’on va partager en famille.
C’est dans une ambiance forestière que s’installe la randonnée. Témoins d’un milieu très humide, les épicéas évoluent sur un tapis de mousse qui s’approprie le décor tout entier. Après une poignée de minutes, une première halte s’impose non loin des cascades de la Pleureuse et de la Sauffaz. Deux chutes d’eau jumelles qui lacèrent des petits bosquets de conifères. Mais c’est dans le détail que je vais trouver l’inspiration. Des gouttelettes d’eau pulvérisées sur la mousse, pour magnifier les courbes et le relief, le tout coloré par la palette de l’arc en ciel.
Après cette pause brumisée, la balade sort peu à peu de l’environnement forestier. Devant nous, la sente s’enfonce dans une vallée qui se resserre progressivement. A droite, la combe des Foges. Pour lui répondre, les lanches de Sales, surplombées par la majestueuse pointe de Sales. A 2497m, c’est le point le plus septentrional de la chaîne des Rochers des Fiz.
Des dalles de calcaire impressionnantes se dressent devant nous comme pour affirmer leur présence. Au milieu du vallon, le torrent de Sales anime le creux du vallon. D’abord paisible, serpentant dans une étroite plaine, il deviendra fougueux un peu plus haut, dévalant les parois et les rochers en formant de somptueuses cascades.
Au fur et à mesure de notre progression, nous découvrons les cascades qui s’enchainent. Parfois, discrètes, descendant les petites dalles calcaires entourées de mousse, et parfois, vertigineuses, se jetant du haut des falaises dans une violence soulignée par un grondement déterminé.
Je me suis juré de revenir visiter ces chutes d’eau pour les magnifier sous des ambiances plus confidentielles. Sous un ciel étoilé notamment, ou saluées par les lumières de la pleine lune.
Les chutes d’eau sont l’expression du torrent de Sales qui trace son chemin dans la vallée escarpée. Cette dernière se resserre de plus en plus jusqu’à étrangler le sentier qui peine à trouver un itinéraire dans les rochers. La dernière étape de la balade traverse justement un passage escarpé, qui surplombe le torrent en contrebas.
Passé la porte de cet amphithéâtre, nous découvrons un plateau où les lapiaz s’invitent au décor.
Un coup d’œil dans notre dos, nous devinons en arrière-plan, les montagnes du Criou coiffées de volumineux cumulus.
et devant nous se dévoile le charmant petit village de Sales.
Un lieu d’histoire, un lien de passion. Déjà cités en 1207, le plateau de Sales est un lieu immémorial dans la pure tradition montagnarde du Faucigny.
Autrefois, passage d’archéologues et autres scientifiques, les chalets de Sales fut plus tard occupés par une communauté de femmes et d’enfants affairés aux travaux d’alpage pendant que les hommes s’attelaient aux foins et labeurs des champs. Lieu d’estive pour les troupeaux de vaches, qui faisaient la belle réputation de l’alpage. Selon les dires, les pâturages étaient les plus renommés de la région pour offrir de quoi confectionner les meilleurs beurres et fromages. Dans les années 1950-60, les montagnards qui fréquentaient le massif possédaient leur vétuste chalet à Salles. Mais dans les années 1970, le semblant de refuge était en mauvais état. Le CAF tenta de réhabiliter le site, mais trop pris par des projets d’envergure en haute montagne, aucune suite n’y sera donnée. Comble de la mésaventure, en 1975, le refuge fut incendié.La version du refuge que nous connaissons, revoit le jour en 1981. Au style des alpages de Sixt, l’habitation était sobre et rustique. C’est la famille Mogenier qui officie. Petit à petit, l’établissement s’étoffera et les gardiens forgeront une solide tradition de l’accueil. Le ravitaillement était fait à dos d’homme qui parfois devenait délicat au passage du pas de Sales. Les Fondues, les omelettes, les beignets et les matafans (galettes de pomme-de-terres dans la pure tradition montagnarde) émerveillaient le palais des visiteurs.
Le refuge surveillait le passage des amateurs de belles randonnées. Le Dérochoir, la Portette, le passage vers le désert de Platé, la Pointe de Sales et encore bien d’autre. Dès 1985, le refuge produisait sa propre électricité grâce à ses panneaux photovoltaïques, pionnier en la matière.Mais en 1999, une avalanche ravage entièrement deux bâtiments dont le refuge. C’est un coup rude pour la famille Mogenier, mais leur détermination et leur courage permettra d’ériger un nouveau refuge.
En 2014, Roland et Elisabeth Mogenier fêtent leurs 32 saisons de gardiennage avant de passer le flambeau à leurs enfants.
Le vallon de Sales et ses chalets nous accueillent et nous trouvons un petit coins calme surplombant le village.
Je profite de ce moment tranquille pour saisir quelques belles lumières sur la flore et la faune.
Puis l’heure est venue de quitter ce vallon magique respirant la sérénité. Nous repassons devant le cortège de belles cascades
Au bas du sentier sillonnant la première vallée, les impressionnantes lanches de Sales au bout desquelles trône la pointe de Sales, inspire un grand respect. Nous observons furtivement un gypaète barbu dont je sais qu’il fréquente régulièrement les lieux.
Une magnifique randonnée que l’on peut faire en famille, dans un cadre féérique. C’est devenu une balade presque habituelle, je ne m’en lasse pas. Pleine de charme en toute saison.
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Bretagne sauvage, de sable, d’eau et de rocher
20 juillet 2020
Finistère nordJe connais un pays ou la terre s’achève
Plongeant dans l’océan en toute liberté
En ce lieu notre rêve vers l’infini s’élève
Empruntant à l’oiseau son vol d’éternité
Ici parfois la lande gémit sous les coups de vent
Son cœur de bruyères et de genêts semés
Elle porte le deuil d’innombrables enfants
Trop épris d’aventures, ou seulement affamés
La mer se rebelle contre ces assaillants
Qui viennent l’éventrer pour piller ses entrailles
Ses tempêtes sont le fruit de cris étourdissants
Et des larmes dont elle noie les côtes de Cornouailles
Son désespoir la jette du haut de la falaise
Dans l’écume impatiente d’envahir ces contrées
Dont le vent lui explique le mystérieux malaise
Sorts jetés par les celtes aux femmes endeuillées
Car avant d’attirer les marins assoiffés
La Bretagne fut peuplée de fées et de magiciens
Qui vivaient dans les terres les yeux vers les sommets
Éloignés de la mer dont ils ne savaient rien
Mais parfois son rivage se fait plus accueillant
Se recouvre de sable aux coquillages nacrés
La vague comme une main que la mer nous tend
Construit un sanctuaire pour une paix sacrée
- Véronique Monsigny -
C’est dans une contrée connue que nous revenons sans cesse, comme un havre de paix qui sait éponger notre soif de tranquillité.
Dans la douce ambiance des embruns salés, je respire, je revis. Des lumières de l’aube quand les hommes dorment encore, à celles du crépuscule, la nuit tombante, je remplis mes souvenirs de belles images.
Sur les plages, une poignée de tournepierres à collier s’acharne à muscler leur patte dans des courses amusantes à la frontière des vaguelettes qui viennent caresser la plage.
Bécasseaux Sanderling, huitrier-pie, grand gravelot, aigrette garzette, et autre goéland et mouette animent ces lieux où j’aime admirer le large, l’océan infini.
Des dizaines, que dis-je, des centaines de kilomètres de sentiers se livrent aux marcheurs les plus courageux. Un jour peut-être, j’emprunterai le fameux sentiers des douaniers, ce GR très réputé qui entoure la région comme une ligne entre la mer et la terre, confrontation des éléments et des esprits.
Pour l’instant je me contente de divaguer autour de notre point de chute mais quel spectacle.
Pointes, dunes, falaises, rocher, un décor de rêve pour abreuver nos pensées.
Au-delà de notre planète se promènent également des éléments remarquables. En cette été 2020, nombreux sont ceux qui se sont intéressés à une comète qui est venue flirter avec notre environnement stellaire. Son petit nom, NeoWise, pas très romantique, mais hérité du nom du télescope qui l’a suivie. De son vrai nom C/2020 F3, non nous ne sommes pas dans Star Wars, mais les scientifiques ne sont pas très réputés pour leur imagination artistique. Cette comète méritait bien un réveil précoce. J’ai ainsi saisi ce visiteur dans une ambiance océanique.
Ce matin-là mon inspiration me souffle à l’oreille, de m’attarder sur le quartier de lune. Amusante expérience de figer au téléobjectif notre satellite, même en n’ayant aucune vraie expérience de capture des éléments du ciel. Un univers tout à fait passionnant.
Un peu plus loin, à quelques unités astronomiques, je remarque Jupiter. A l’œil nu, une simple étoile qui brille plus que les autres, mais au téléobjectif, on découvre une vision passionnante de ses lunes, Europe, Io, Callisto et Ganymède. Je ne m’avancerais pas avec certitude pour affirmer ce que j’ai observé, mais leur taille de plusieurs milliers de kilomètre comparée à celle beaucoup plus modeste de leurs nombreuses petites sœurs, me laisse penser que je ne suis pas loin de la vérité.
Outre les nombreux limicoles et autres oiseaux que l’on peut apercevoir en bord de mer, j’ai également pris du temps pour admirer la faune qui peuple les dunes et les rochers
Pipit maritime
Machaon pris en plein vol
Machaon
Les dunes regorgent de vie. Une flore qui a su s’adapter à la pauvreté du substrat et à la rigueur du climat. Tel que les panicauts maritimes (Eryngium maritimum) ou champêtres (Eryngium campestre) tranchent avec leur couleur bleuté ou vert jaunâtre, sur le beige des dunes.
Malgré sa détermination à vivre en ces lieux, cette belle plante souffre de la surfréquentation de son habitat. Les organismes de préservation sont très actifs pour sa protection et il est extrêmement important de respecter les règles qui sont fixées afin de préserver cette magnifique plante en déclin.
Panicaut maritime
Panicaut champêtre
Nous avons pris pour habitude de nous balader sur la plage jusqu’au petit phare, tout est paisible, les couleurs sont belles.
On pourrait passer des heures sur les bords de plage tellement les couleurs sont majestueuses.
Nous ne nous lassons pas de venir jusqu’à cette petite maison coincée entre les rochers.
Très fréquentée la journée, un peu moins le soir, c’est le moment idéal pour immortaliser le tableau. Le tout agrémenté de quelques nuages qui n’imaginent pas à quel point ils sont essentiels à la composition de mon image.
Plus tard dans la soirée, une balade sur le sentier des dunes, je m’attarde en attendant de voir l’astre sombrer dans l’océan. En ces heures, les promeneurs se font plus discrets. La fraîcheur de Bretagne me saisit, le paysage s’embrase de mille ambiances et de lumières fantastiques. Je passe de longues minutes à contempler l’horizon. Les nuages viennent à merveille, ponctuer la scène. Le temps semble se fondre dans la palette de couleur qui s’offre à moi.
Le soleil se cache derrière les rochers, en réchauffant la couleur du sable de ses derniers rayons, peignant en rose, orange, jaune, mauve les nuages qui se déchirent au gré des brises du soir.
Le spectacle est complet.
Je rêve encore d’admirer la grandeur de l’océan sous le déchainement des tempêtes, mais même durant ces calmes soirées d’été, j’aime me perdre dans mes pensées, en arpentant les sentiers bretons empreints de tranquillité.
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Pureté et beauté du Jura
8 juillet 2020
Chaîne du Jura – Le Reculet
Dans un enchaînement de trois soirs de randonnée jurassienne, je retrouve un sommet Ô combien apprécié. Des fleurs un peu exclusives, des falaises impressionnantes et une cime presque la plus élevée de la chaîne. C’est toujours un plaisir pour l’esprit et pour la balade où nos muscles chauffent un petit peu.
Je connais bien le sentier qui conduit au Reculet. Je m’élève rapidement, pas d’échauffement, on tape dans le raide dès le début.
Mais très vite la forêt s’éclipse pour dévoiler une vue imprenable. A l’orée de la forêt je recherche une orchidée qui me fascine. Je sais qu’elle est présente dans une clairière proche d’un éboulis rocheux. La période est parfaite, elle doit être par là. Cette fleur m’a subjugué. De cette première rencontre est née une passion pour les orchidées.
Cette belle demoiselle se nomme l’Epipactis rouge sombre, Epipactis Atrorubens, resplendissante et colorée.
Ce n’est que le début de ce feu d’artifice floral. Les belles jaunes me tendent les bras, c’est d’abord la digitale à grandes fleurs (Digitalis grandiflora) et ses généreuses clochettes jaunes.
Ensuite, la sulfureuse Aconit Tue-loup et sa grappe toxique.
Le creux de Narderan et son chalet d’alpage nous ouvre la vue sur les pâturages du Jura, terre de pastoralisme où les troupeaux partage l’herbe avec les hardes de chamois.
La balade est agréable, le chemin trace un trait sinueux dans la prairie, quelques gros blocs calcaires jalonnent l’itinéraire. Ces derniers offrent un beau promontoire pour les traquets motteux, toujours curieux de ce qui se passe en ces lieux.
Un peu plus haut, je reconnais la forme gracieuse des Lys martagon. Attirée par leur prestigieuse fleur rose, un syrphe s’approche des étamines de manière intéressé, jouant ainsi son rôle précieux de pollinisateur.
La promenade continue en montant sous l’impressionnante falaise qui marque la ligne de crête, tels les remparts d’un château fort qui surveillent la vallée en contrebas. La randonnée se termine sur une pente plus clémente jusqu’à la croix métallique qui marque le sommet.
Le soir décore le ciel de traînées nuageuses ponctuant son dégradé pastel. L’ambiance se fait feutrée et douce. Les fleurs montagnardes jouent avec les jeux d’ombres et les teintes chaudes.
Parfois le ciel nous réserve des spectacles extraordinaires. Les nuages dessinent de formes surréalistes. Proches du soleil, ils créent une iridescence qui excite notre imaginaire et enchante nos yeux.
La chaîne du Jura n’est point une montagne aux falaise abruptes, aux arrêtes acérées, aux pics perçant les cieux. Mais pourtant, son caractère sauvage contraste avec les rondeurs de ses sommets qui laissent glisser la sérénité sur ses alpages.
L’été suspend le temps et le soleil tarde à ce coucher. Bientôt les pentes se refroidissent, abandonnant la plaine en contrebas dans la fraicheur nocturne. La brume se faufile entre les vallons. Le ciel se pare de mille nuances allant du bleu à l’orange en passant par le rose.
De l’autre côté, le Mont Blanc aussi nous salue pour s’enfoncer dans l’obscurité, blotti sous un plafond aux couleurs pastelles.
Les minutes défilent et la nuit se présente, elle engloutit le peu de clarté qui subsiste. Un dernier regard sur les combes et les forêts du Jura, qui ne sont plus que des silhouettes sombres. Leurs crêtes s’endorment dans la brume froide, sous des nuages gris-roses. Dernier frisson avant de s’abandonner aux rêves et aux étoiles.
C’est ainsi que je conclus ma balade spirituelle de cette chaude journée de juillet.
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Soirée nature au Colomby
7 juillet 2020
Chaîne du Jura – Ain
Une soirée de Juillet, dans la chaude ambiance de la plaine, animée par la manifestation parfois fort bruyante, de nombreuses personnes trop heureuses de cette période estivale. Un monde que je fuis dès que je peux, pour rechercher le calme et le silence de la nature.
Ce soir, le Jura me tend les bras. Un ciel paisible, un sac déjà prêt à partir, un timing millimétré pour se gaver de belles lumières. C’est parti.
Le chemin forestier se charge de me plonger dans une atmosphère onirique aux mille senteurs. Parfum de sous-bois, les feuilles sèches, la mousse, les sapins, la terre. Plus haut, les pâturages me livrent les odeurs des prairies alpines occupées par ces belles dames en robe brune et blanche, et aux sonnailles mélodieuses.
Au-delà des chalets d’alpage, je surprends un jeûne chamois et sa mère. Le petit cabri encore effarouché par son environnement ne quitte pas sa mère d’un sabot.
Ils sont beaux parmi les gentianes jaunes toutes en fleur.
La pente escarpée du pas de l’Echine me rapproche de mon objectif du soir. La température est idéale. Pas un humain aux alentours. Quelle joie de pouvoir encore se perdre dans ces montagnes en toute solitude. C’est malheureusement de plus en plus rare.
Malgré le climat chaud de ce début d’été, subsistent quelques névés. Et je suis toujours éblouis par la détermination de certaines fleurs à s’émanciper dès la neige fondue. Telles ces Crocus qui percent les quelques centimètres de neige tendre, pour dévoiler avec force leur couleurs et leurs pétales. Ou ces Soldanelles et leur si fragile corolle qui colorie de violet-mauve, le sol déneigé encore vierge de nouvelle végétation.
La magie s’opère. Les crêtes de la haute-chaîne du Jura offre un panorama à 360 degrés qui ne laisse personne indifférent. Devant nous les falaises plongent vers les épaisses forêts des contreforts du Jura. La fine bande du Pays de Gex à l’étroit face au lac Léman puis au loin les Alpes et le toit de l’Europe.
Arrivé sur les crêtes, je contemple les collines que je connais bien. Les ombres s’étirent au fil de la descente du soleil sur l’horizon.
Une faible brume envahit les fonds de vallée. La haute-chaîne du Jura surplombe le pays gessien tel un rempart qui garde un œil sur le plateau. Au loin le défilé de l’écluse qui marque la frontière de cette enclave.
De l’autre côté, les falaises abruptes mènent vers la Faucille et au loin, la Dôle.
Un contraste tranchant entre paisible pâturages et cassure minérale digne des Alpes.
Je m’offre une pause en méditant autours de cette nature en équilibre depuis des millénaires, en pensant à ce renouvellement permanent des végétaux, à l’harmonie qu’ils entretiennent avec la faune et le respect que l’on doit à l’imperceptible évolution géologique. Assis sur mon rocher, je contemple tout cela, sans oublier mon bout de pain, fromage et saucisson qui accompagne avec gourmandise cette ouverture de l’esprit !
Avant de regagner la plaine et la civilisation, je m’égare un peu dans la flore montagnarde pour saisir ce mélange envoutant de formes et de couleurs.
Une variété de Véronique que j’ai encore du mal à identifier. Peut-être une Veronica prostrata.
Soirée découverte de variétés qui me sont inconnues et pour lesquelles j’éprouve quelques difficultés à trouver le bon nom, voici une Orobanche, peut-être « Orobanche elatior »
Raiponce et aster compète ma collection florale du soir.
Le soleil termine sa course sur les vallons de l’ouest, les teintes pastelles colorent le ciel et la lumière baisse jusqu’à se fondre dans la nuit qui m’accompagnera dans la forêt jurassienne.
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