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Immersion forestière
Immersion forestière
18 Août 2020
Haute-Savoie / Vallée du Giffre
Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j’aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J’éprouve un sentiment libre d’inquiétude !
Prestiges de mon cœur ! je crois voir s’exhaler
Des arbres, des gazons une douce tristesse :
Cette onde que j’entends murmure avec mollesse,
Et dans le fond des bois semble encor m’appeler.
Oh ! que ne puis-je, heureux, passer ma vie entière
Ici, loin des humains ! Au bruit de ces ruisseaux,
Sur un tapis de fleurs, sur l’herbe printanière,
Qu’ignoré je sommeille à l’ombre des ormeaux !
Tout parle, tout me plaît sous ces voûtes tranquilles ;
Ces genêts, ornements d’un sauvage réduit,
Ce chèvrefeuille atteint d’un vent léger qui fuit,
Balancent tour à tour leurs guirlandes mobiles.
Forêts, dans vos abris gardez mes vœux offerts !
A quel amant jamais serez-vous aussi chères ?
D’autres vous rediront des amours étrangères ;
Moi de vos charmes seuls j’entretiens les déserts.
- François-René de Chateaubriand –
Comme un hymne à la nature, la forêt sait distiller quelques belles notes de musique sur une partition végétale, qui livre à qui sait l’écouter une paisible mélodie et un plaisir profond.
A quelques pas de la maison familiale, nous empruntons le chemin qui s’enfonce dans la forêt. Voilà des décennies que je la vois évoluer. Les arbres grandissent, les petits sentiers s’effacent sous les matelas de feuilles apportés par les cycles automnaux. D’autres apparaissent par les habitudes répétées des ongulés sauvages.
Les souches disparaissent sous la mousse et le travail d’invisibles xylophages.
De nouveaux arbres émergent, d’autres s’inclinent. La nature se réinvente chaque jour.Avec une joie non dissimulée, j’emmène mes enfants se nourrir de la tranquillité des bois.
Les arbres diffusent une impression de bien-être, un fluide apaisant. L’air qu’on y respire est salvateur.Dans cet amphithéâtre végétal qui puise sa force et plonge ses racines dans l’humus centenaire, nous prenons un moment pour admirer les pépites dispersées dans ce petit monde.
En forêt, les arbres abritent tout un écosystème qui assure la diversité des espèces et produit des principes chimiques inestimables. Ils sont le centre d'une importante biocénose, constituée de bactéries vivant dans les racines, d'organismes décomposant les feuilles, de nombreux insectes s'en nourrissant, d'oiseaux nichant dans les anfractuosités, de petits rongeurs consommant les fruits, d’herbivores mangeant les pousses.
Ils sont le poumon de la Terre. Leur photosynthèse absorbe et recycle le carbone (CO et CO2) en parti produit par l’indifférence humaine. Construction, meuble, outils, chauffage, fruitier, le bois est indispensable à nos habitudes. Il est source d’équilibre.Au pied des arbres, émergent quantité de petites perles mycologiques… les champignons. Aux couleurs et aux formes variées, ils embellissent les tapis de feuilles et d’épines. Cheminant le long d’un réseau de mycélium sans fin, ils sortent çà et là, pour le plus grand plaisir de nos yeux et pour certains, de notre palais.
Ma saison préférée est l’automne. La douceur des températures que les journées essaient d’extirper à l’été fuyant, avant de se résoudre à accepter les froides morsures des prémisses de l’hiver, nous donne cette transition agréable qui suspend le temps et se conjugue harmonieusement avec les couleurs chaudes du monde végétal et les puis de lumière qui filtrent au travers du treillis de feuilles. Encore quelques belles fleurs s’émancipent dans cette époque éphémère. Ainsi, corolle soyeuse et raffinée, doux parfum envoutant, le rose marqué qui embellit les parterres de feuilles, le cyclamen est l’emblème du moment.
Et une vision plus éthérée de cette belle fleur
Autre trésor coloré de la saison qui jaillit du sol pour témoigner d’une énergie vigoureuse et braver les premières gelées, le colchique qui comme le dit la chanson, fleurissent pour chasser l’été.
La faune ne s’est pas pour autant éclipsée. Elle doit malheureusement, composer avec la pression cynégétique – nous promeneurs, également – Ils sont là pourtant, discrets et malicieux. Pour certains la période du rut commence, elle assurera leur descendance.
Pour d’autres c’est encore une dernière occasion d’engranger un maximum de réserves pour faire face aux assauts de l’hiver.
Nos amis à plume, farouche et peureux, ne cachent pourtant pas leur curiosité. Ils voltigent autour de nous, pour affirmer leur territorialité.
De cette balade, j’en retire la force de la nature, l’espoir de toujours pouvoir profiter de ces ambiances et la joie d’en inculquer les bienfaits à mes enfants.
Tags : forêt, faucigny, nature, randonnée, haute-savoie, automne, champignon, forest
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