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Entre aube et crépuscule sur les hauts plateaux du Giffre (épisode 1)
Entre aube et crépuscule sur les hauts plateaux du Giffre (épisode 1)
Juillet 2021
Haute-Savoie
L’aube
Sommets de mon enfance, je ressens un besoin inépuisable de me balader sur les crêtes des montagnes qui m’ont surveillé et vu grandir pendant toutes ces années. Je pense que c’est par un échange spirituel que je retourne toujours fouler ces mêmes sommets.
Et quoi de mieux pour s’imprégner de ce calme et de méditer en toute tranquillité, que de s’y rendre le matin ou le soir.
Je n’ai pas pu me résoudre à faire un choix, aussi, j’ai souhaité y aller à l’aube pour écouter le réveil de la nature et admirer l’arrivée des belles lumières. Mais aussi y retourner un soir, pour sentir la nuit envahir le paysage non sans nous avoir diffuser une myriade de couleurs qui s’enfuiront dans l’obscurité.
Cette balade s’écoulera dans une rivière de mots et de pensées qui méritera bien deux épisodes.
J’ai découvert une jolie pointe qui surplombe un beau petit lac au-dessus du plateau du Praz-de-Lys. Pour préserver la quiétude des lieux, vous me pardonnerez de ne donner que peu d’indication sur les lieux et leur nom. Ce matin je décide d’aller capturer les belles lumières qui accompagnent l’apparition de notre soleil. Après un départ très matinal, dans les derniers instants de la nuit, je débute mon ascension vers la pointe.
Depuis le lac, un petit sentier suit la ligne de crête. L’itinéraire me semble le plus direct pour accéder au sommet, et l’horaire courant toujours plus vite que moi, je suis presque toujours « à la bourre » et donc j’essaie d’optimiser comme je peux mon trajet.
Ce passage est une première, je ne l’ai jamais emprunté. Le sentier peu marqué s’amuse à resserrer les lignes de dénivelé sur la carte, autrement dit, ça grimpe dur !
Mais la vue est splendide, le lac en premier plan et les montagnes au fond, le tout servi avec une lumière naissante et des nuages du plus bel effet.
L’arrête qui accède à la pointe porte bien son qualificatif. Le chemin traverse quelques pentes bien abruptes où il trouve juste un petit passage entre les deux versants escarpés. Mieux vaut ne pas mettre le pied à côté.
Un peu plus tard, j’arrive à la pointe et découvre une vue sur le Mont Blanc, les Aravis, les montagnes du Faucigny et du Chablais. Un magnifique panorama dans un écrin des plus apaisant.
L’endroit est idéal pour méditer et profiter de l’instant. Le ciel savoureusement chargé de nuages, projette une douce lumière sur le lac et la verdure qui l’étreint.
Non loin de moi, un chamois m’observe, intrigué. Je marque une pause, je l’observe, je lui indique mon respect pour son domaine. Je suis chez lui, il m’accepte et retourne à ses occupations gastronomiques, je reprends mon chemin.
Les montagnes aux loin dessinent des lignes contrastées. Le soleil vient percer sauvagement le matelas de nuage pour marquer de ses rayons, les pentes herbeuses à demie recouvertes d’épicéas.
Tout autour de moi, le spectacle est complet. Le Mont-Blanc se bat avec une écharpe nuageuse qui lui impose sa domination.
Peu après, ses petites cousines affichent leur grandeur dans des teintes dramatiques.
Les sommets me procurent une sensation de pouvoir être au-dessus des problèmes, comme si leur poids ne pouvait leur permettre de s’élever là-haut. J’aime admirer les cimes qui m’entourent, mais je me régale aussi de regarder les vallées, ainsi, je ressens un sentiment de paix absolue. Ce matin dans le fond des vallées, serpente une fine couverture de brume. On aurait presque l’impression qu’elle cherchait à dissimuler les traces humaines pour parfaire cette sensation de tranquillité tant convoitée.
Le soleil s’installe peu à peu et le petit lac s’orne de belles teintes, soulignées par un jeu d’ombre velouté.
Le ciel est tourmenté mais pas menaçant. Le bourgeonnement de cumulus est intense, mais pas inquiétant. Je reste toujours vigilant sur l’évolution météorologique, en montagne. On est souvent au milieu de la nature, loin de zone sécurisée. L’arrivée d’orage n’est jamais quelque chose de rassurant, mais en revanche, la lumière et les ambiances sont souvent incroyables pour la photographie de paysage. On se retrouve toujours sur la fine et étroite ligne du raisonnable.
Des cumulus expressifs bourgeonnent sur les crêtes qui les tranchent comme un rasoir. Ceux-ci déploient leurs champignons exacerbés et leurs formes torturées.
Mon spot m’offre une vue singulière sur le pic du Marcelly et le Mont Blanc en arrière-plan. La perspective nous mystifie et nous laisse l’illusion de croire que nous pourrions d’un pas, aller de l’un à l’autre. Un sentiment irréel mais combien envoutant de pouvoir enjamber les sommets, survoler les cimes se déplacer comme un oiseau.
Le soleil est bien levé et le matin s’effiloche, la vie fourmille autour de moi, oiseaux et insectes sont en pleine activité. Les fleurs encore couvertes de rosée, dévoilent leurs charmes et leurs couleurs. Je décide alors de prendre le chemin qui effectue une grande boucle et me ramène vers le lac.
En chemin, je m’arrête régulièrement pour capturer le souvenir de somptueuses représentantes végétales de cet éden. Les trolles d’Europe, campanules thyrsoïdes, anémones à fleurs de narcisse, orchis tachetés, lys de Saint Bruno, orchis de mai, orchis globuleux et autres benoîtes des ruisseaux.
Sans oublier les Rhododendrons qui tapissent copieusement les pentes herbeuses de moyenne montagne.
Ce matin, la nature m’a offert les ambiances magiques de la montagne telles que je les rêve. Elles m’ont ravi et m’ont comblé. Il ne me fallait rien de plus pour me motiver à venir explorer ces lieux de l’autre côté du cadran !
Ainsi quelques jours plus tard je remontrai au même endroit embrasser le coucher du soleil.
Tags : montagne, faucigny, nature, randonnée, alpes, haute-savoie, été, Praz-de-Lys, Mieussy, Taninges, aube, lumières, ambiance, paysage
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