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Entre aube et crépuscule sur les hauts plateaux du Giffre (épisode 2)
Entre aube et crépuscule sur les hauts plateaux du Giffre (épisode 2)
Juillet 2021
Haute-Savoie
Episode 2 - Le crépuscule
Pour ce second opus, je repars vers les pointes proches du Pic du Marcelly. Il y a quelques jours je défiais l’heure matinale pour aller capturer les lumières de l’aube, aujourd’hui, je m’aventure à nouveau vers cet endroit magique pour accompagner la fin du jour.
Je décide de varier les itinéraires et pour cette balade j’entame la montée dans un beau pâturage regorgeant de belles fleurs. Je débuterai par le même thème que celui où l’épisode précédent s’est achevé. Un sujet qui me tient à cœur et me passionne profondément, la botanique.
Ainsi, durant le début de cette randonnée, les formes merveilleuses et les couleurs féériques des petites pépites végétales vont m’accompagner. Orchis moucheron, platanthère, campanule barbue, lys martagon et autres centaurées seront de la partie.
Platanthera bifolia
Campanula barbata
Lilium martagon
Dactylorhiza maculata
Gymnadenia conopsea
Centaurea montana
Le chemin s’élève progressivement dans une combe somptueuse qui nous offre un magnifique panorama.
Non loin de moi, des marmottes montent la garde sur un rocher, à moins qu’elles s’adonnent simplement à quelques jeux pour affirmer leur sociabilité.
Je monte à un rythme certain pour ne rien rater du moment fatidique. Cependant, les ballets réguliers et proches de moi d’un faucon crécerelle m’obligent à sortir mon appareil pour l’immortaliser dans ce décor de rêve. J’ai rarement l’occasion de l’admirer avec une telle proximité, mais j’en vois de plus en plus en montagne. Ce petit rapace n’est pas très farouche et vient volontiers faire son amusant vol stationnaire prêt de nous pour guetter la moindre proie qui finira dans ses serres.
Encore quelques lacets et me voilà sur la crête. La pente se fait plus raide et sentier sillonnent entre des gros rochers et quelques arbres bas qui défient l’altitude qui approche les 2000m.
J’atteins la crête qui m’ouvre la vue sur les montagnes à presque 360 degrés. Contrairement au lever de soleil, les lumières sont opposées et donnent une tout autre sensation. Cet exercice nous démontre que d’un point de vue photographique un lieu peu révéler une ambiance totalement différente selon les heures de la journée. Et de ce fait, il peut apparaître captivant lorsque la lumière l’éclaire selon un certain angle, mais totalement dépourvu d’intérêt lorsque celle-ci arrive d’une autre direction.
Dans mon cas, le lieu est sublime le matin comme le soir.
J’avais pu m’émerveiller de l’arrivée de la lumière par l’Est, en début de journée, qui avait révélé de magnifiques contrastes et les rondeurs des reliefs.
Le soir, la lumière venant de l’Ouest, va mettre en exergue la splendeur des montagnes de Chamonix ou des Aravis.
A l’instar de la perspective que j’avais capturée le matin, où, dans un bourgeonnement de nuages, j’avais rapproché le pic du Marcelly et le Mont-Blanc. Ce soir, j’imprime le contraste du pic déjà endormi, sur le Mont-Blanc tout rosé par les illuminations du soir.
Autour de moi, les ambiances sont radicalement différentes. Le rose des montagnes éclairées par le couchant, font place à des reliefs emmitouflés dans les brumes et nuages bas. De l’autre côté, la chaine du Bargy se débat dans un capuchon cotonneux aux teintes pastelles.
Je me souviens encore des émotions que j’ai ressenties lorsque le beau petit lac s’éveillait aux lumières ensoleillées. Ce soir, même lieu, autre ambiance, mais toujours des émotions magiques.
Petit à petit, les brumes rosées enveloppent tendrement les cimes. Ces dernières ne résistent pas, elles se laissent imprégner par la fraicheur crépusculaire. Les derniers assauts du soleil n'apporteront point de chaleur, tout au plus une teinte ardente qui rappelle la fougue des fumerolles de volcan.
Au fil des heures, l’astre suit sa course inexorable et va bientôt plonger notre région dans l’obscurité. Mais, l’espace de quelques minutes, il va illuminer les nuages dans des coloris irréels, mettant en évidence le contour de cette mer cotonneuse.
J’aime laisser les minutes s’écouler sans me soucier du temps. Je laisse la lumière me guider et me dire lorsqu’il est venu l’heure de redescendre. C’est pour cette raison que l’objet le plus important à ne pas oublier dans mes périples, c’est la lampe frontale !
Mais avant cette retraite nécessaire, je profite encore des colorations froides et pastelles de l’heure bleue. Le soleil nous a peu à peu abandonné, mais de belles couleurs bleues, mauves, roses teintent le ciel. Seules les plus hautes aiguilles de la contrée sont encore éclairées par les dernières lueurs.
Bientôt, même ces hauts sommets s’enfuiront dans la brume de la nuit, et laisseront place aux constellations d’étoiles qui scintillent dans les cieux.
Ce soir, je m’attarde un peu plus qu’à l’accoutumée. Comme pour prolonger le plaisir.
Je laisse mes pensées s’enfuir dans l’infinité céleste. La lune, notre satellite lumineux, m’offre une dernière fresque numérique, avant que je rejoigne le fond de la vallée.
Amour de mon pays jusqu'à ces hautes cimes, la montagne est un livre que j'aime feuilleter, mais pour lequel je ne voudrai jamais atteindre la dernière page. Alors je profite de chaque secondes passées en ces contrées encore un peu préservées.
Tags : forêt, faucigny, nature, randonnée, haute-savoie, montagne, Giffre, sunset, ambiance, nuage, soir, Mont Blanc, fleurs, proxi, orchidée
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