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Pureté et beauté du Jura
Pureté et beauté du Jura
8 juillet 2020
Chaîne du Jura – Le Reculet
Dans un enchaînement de trois soirs de randonnée jurassienne, je retrouve un sommet Ô combien apprécié. Des fleurs un peu exclusives, des falaises impressionnantes et une cime presque la plus élevée de la chaîne. C’est toujours un plaisir pour l’esprit et pour la balade où nos muscles chauffent un petit peu.
Je connais bien le sentier qui conduit au Reculet. Je m’élève rapidement, pas d’échauffement, on tape dans le raide dès le début.
Mais très vite la forêt s’éclipse pour dévoiler une vue imprenable. A l’orée de la forêt je recherche une orchidée qui me fascine. Je sais qu’elle est présente dans une clairière proche d’un éboulis rocheux. La période est parfaite, elle doit être par là. Cette fleur m’a subjugué. De cette première rencontre est née une passion pour les orchidées.
Cette belle demoiselle se nomme l’Epipactis rouge sombre, Epipactis Atrorubens, resplendissante et colorée.
Ce n’est que le début de ce feu d’artifice floral. Les belles jaunes me tendent les bras, c’est d’abord la digitale à grandes fleurs (Digitalis grandiflora) et ses généreuses clochettes jaunes.
Ensuite, la sulfureuse Aconit Tue-loup et sa grappe toxique.
Le creux de Narderan et son chalet d’alpage nous ouvre la vue sur les pâturages du Jura, terre de pastoralisme où les troupeaux partage l’herbe avec les hardes de chamois.
La balade est agréable, le chemin trace un trait sinueux dans la prairie, quelques gros blocs calcaires jalonnent l’itinéraire. Ces derniers offrent un beau promontoire pour les traquets motteux, toujours curieux de ce qui se passe en ces lieux.
Un peu plus haut, je reconnais la forme gracieuse des Lys martagon. Attirée par leur prestigieuse fleur rose, un syrphe s’approche des étamines de manière intéressé, jouant ainsi son rôle précieux de pollinisateur.
La promenade continue en montant sous l’impressionnante falaise qui marque la ligne de crête, tels les remparts d’un château fort qui surveillent la vallée en contrebas. La randonnée se termine sur une pente plus clémente jusqu’à la croix métallique qui marque le sommet.
Le soir décore le ciel de traînées nuageuses ponctuant son dégradé pastel. L’ambiance se fait feutrée et douce. Les fleurs montagnardes jouent avec les jeux d’ombres et les teintes chaudes.
Parfois le ciel nous réserve des spectacles extraordinaires. Les nuages dessinent de formes surréalistes. Proches du soleil, ils créent une iridescence qui excite notre imaginaire et enchante nos yeux.
La chaîne du Jura n’est point une montagne aux falaise abruptes, aux arrêtes acérées, aux pics perçant les cieux. Mais pourtant, son caractère sauvage contraste avec les rondeurs de ses sommets qui laissent glisser la sérénité sur ses alpages.
L’été suspend le temps et le soleil tarde à ce coucher. Bientôt les pentes se refroidissent, abandonnant la plaine en contrebas dans la fraicheur nocturne. La brume se faufile entre les vallons. Le ciel se pare de mille nuances allant du bleu à l’orange en passant par le rose.
De l’autre côté, le Mont Blanc aussi nous salue pour s’enfoncer dans l’obscurité, blotti sous un plafond aux couleurs pastelles.
Les minutes défilent et la nuit se présente, elle engloutit le peu de clarté qui subsiste. Un dernier regard sur les combes et les forêts du Jura, qui ne sont plus que des silhouettes sombres. Leurs crêtes s’endorment dans la brume froide, sous des nuages gris-roses. Dernier frisson avant de s’abandonner aux rêves et aux étoiles.
C’est ainsi que je conclus ma balade spirituelle de cette chaude journée de juillet.
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